AINS, corticoïdes inhalés, macrolides

Des médicaments pas si anodins

Publié le 21/02/2020
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Crédit photo : ZEPHYR/SPL/PHANIE

À l’occasion du congrès, le Grepi (Groupe pour la recherche et l’enseignement en pneumo-infectiologie de la Société française de pneumologie) a mis l’accent sur les potentielles toxicités de certains médicaments utilisés au quotidien en pneumologie.

Alors que les ORL et les pédiatres avaient déjà alerté sur le risque infectieux lié aux AINS, les pneumologues s’emparent à leur tour du sujet. Selon les données de la littérature, en cas de pneumonie aiguë communautaire, « ces antalgiques sont un probable facteur de risque de complication pleurale et/ou parenchymateuse, souligne le Dr Damien Basille (CHU d’Amiens), en particulier au sein de la population jeune et sans comorbidité et des nouveaux utilisateurs. » Avec, à la clé, un risque accru de pneumopathies compliquées, de pleurésie purulente et d’abcès.

Corticothérapie inhalée : prudence chez les patients BPCO

Les corticostéroïdes inhalés (CSI) sont aussi dans le viseur du Grepi, le corollaire de leur efficacité anti-inflammatoire étant une augmentation de la fréquence des pneumopathies aiguës communautaires et des mycobactérioses pulmonaires. « Comparé à des poumons sains, on observe une augmentation des streptococcus SPP et des staphylococcus chez les sujets asthmatiques et BPCO sous corticoïdes inhalés et on sait désormais que ces traitements (surtout la fluticasone) augmentent le risque de pneumonie bactérienne chez les patients BPCO, ce qui n’est pas démontré dans l’asthme », explique le Dr Thomas Maitre (Hôpital Tenon, Paris).

Concernant les infections pulmonaires à mycobactéries, il existe un risque de tuberculose dose-dépendant pour la fluticasone forte dose (500 µg/j) et d’infection à mycobactéries non tuberculeuses. Ce surisque est retrouvé dans l’asthme comme dans la BPCO. Les CSI exposent aussi à un surisque d’infection par les rhinovirus, VRS et coronavirus, chez les patients BPCO. Là encore, cela vaut surtout pour la fluticasone. Enfin, les CSI sont un facteur de risque de colonisation aspergillaire dans la BPCO. « D’où la précaution d’employer la dose minimale efficace de CSI, rappelle Thomas Maitre. Et si la corticothérapie inhalée chez un malade asthmatique est indispensable, elle doit être réservée aux exacerbateurs fréquents dans la BPCO. »

Concernant les macrolides, l’azithromycine est de plus en plus souvent utilisée au long cours à faibles doses dans les maladies respiratoires chroniques pour éviter les exacerbations. Or, plusieurs études épidémiologiques ont souligné un risque accru de complications cardio-vasculaires sévères (troubles du rythme et arrêts cardiaques), apparemment limité aux patients atteints d'une maladie cardiaque établie (prolongation préexistante du QT ou facteurs favorisants). Par ailleurs, un effet « pro-tumoral » de l’azithromycine est suspecté.


Source : Le Généraliste: 2900