L’espérance de vie sans incapacité est un indicateur majeur pour les seniors. D’où l’intérêt de concentrer les efforts pour reculer l’avènement des troubles fonctionnels, de phénomènes algiques, etc. « La médecine thermale est intéressante à deux titres, souligne le Pr Christian-François Roques de l’Association française pour la recherche thermale (AFRETH). Premièrement, elle est capable d’agir sur des troubles qui réduisent de façon spécifique l’autonomie, comme les affections ostéo-articulaires et neurodégénératives. Deuxièmement, elle peut agir sur le processus de vieillissement en l’absence de pathologie. »
L’antichambre de la dépendance
Le processus de vieillissement sans pathologie avérée se caractérise par plusieurs facteurs principaux : la réduction de la stimulation cognitive menant au déclin cognitif, l’inactivité qui réduit le capital musculaire, les troubles de l’équilibre et les problèmes nutritionnels, l’ensemble concourant à la fragilité, « l’antichambre de la dépendance », souligne le spécialiste. Lorsque la fragilité s’installe, il est encore possible d’agir, pour que celle-ci s’annule, se stabilise… ou en retardant au maximum le basculement vers la dépendance.
La cure thermale, qui a une dimension éducative, est un moment propice pour faire un point sur la fragilité et modifier éventuellement certaines habitudes de vie. Pendant la cure de trois semaines, les patients bénéficient non seulement de soins, mais de conseils pour leur santé.
L’activité physique en complément
Dans cette optique, la promotion de l’activité physique régulière peut être considérée comme une authentique valeur ajoutée pour renforcer l’efficacité de la prise en charge, avec un intérêt sur le plan métabolique, ostéo-articulaire, musculaire, neurologique et psychologique. En effet, lorsque les soins thermaux sont combinés à un programme éducatif d’exercices, une majorité de patients les poursuivent à la maison, comme l’a démontré l’étude TCAP* (2017). Ses 42 participants, âgés en moyenne de 70 ans, ont eu un entraînement physique additionnel aux soins de cure. À un an de celle-ci, 64 % d’entre eux avaient un niveau d’activité physique supérieur à leur valeur de départ. Ce travail souligne la possibilité de « maintenir un engagement dans la pratique d’une activité physique », écrivent les auteurs.
Moins de douleurs, meilleures fonctions
En rhumatologie, les travaux ont prouvé que le thermalisme diminuait les douleurs, augmentait les capacités fonctionnelles et améliorait la qualité de vie. Le grand essai Thermarthrose mené dans la gonarthrose sur 462 patients l’a clairement explicité dans une revue à fort impact international (Annals of Rheumatic Diseases). Les résultats à six mois objectivent que plus de 50 % des patients curistes sont améliorés en termes de douleur et de fonction (50 % de plus que les patients témoins). Par son rapport bénéfice/risque très favorable, la cure thermale constitue une amélioration du service médical rendu par rapport aux traitements habituels de la gonarthrose.
Pour l’arthrose des mains, des travaux déjà un peu anciens ont également démontré un intérêt. Concernant les rachialgies, une dizaine d’études plaident en faveur du thermalisme pour diminuer les douleurs tout comme améliorer les capacités fonctionnelles et la qualité de vie. Dans les tendinopathies chroniques, une étude conduite à Nancy sur l’atteinte de la coiffe des rotateurs atteste d’un effet favorable sur les douleurs, la fonctionnalité articulaire et la qualité de vie avec une moindre utilisation de topiques antalgiques et anti-inflammatoires (Inter S Biometeorology, 2018). Ainsi, de plus en plus de travaux prouveraient l’efficacité des soins thermaux en prévention primaire et secondaire de pathologies liées au vieillissement.
* TCAP : thermalisme en cure et activité physique. Source : medecinethermale.fr
Une efficacité rémanente sur la perte de poids
Dans le domaine métabolique, « la médecine thermale a une vraie expertise dans la nutrition au sens large », souligne le Pr Roques. La très récente étude Educatherm parue en 2019 montre qu’une éducation thérapeutique additionnelle à la cure permet une perte de poids plus marquée que la cure seule. L’acquisition de bonnes habitudes nutritionnelles et la reprise d’activité physique font mieux que les soins thermaux seuls sur le maintien de la perte de poids à 11 mois.
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