Lorsque les traitements classiques médicamenteux entraînent des effets indésirables inacceptables ou ne soulagent pas suffisamment, la stimulation de la moelle épinière peut constituer une option, seule ou avec d’autres modalités dans les douleurs neuropathiques périphériques. Cette stimulation invasive est réalisée au moyen d’électrodes posées sur la dure-mère le long de la colonne dorsale et connectées par voie sous-cutanée à un générateur d’impulsions implantable.
Le principe est d’activer de manière permanente les voies nerveuses de la sensibilité non douloureuse au niveau de la moelle épinière, afin de bloquer en continu les voies de la sensibilité douloureuse. Les générateurs émettent en continu des impulsions électriques de basse fréquence (stimulation classique dite « tonique ») pour masquer les signaux douloureux qui voyagent le long de la moelle épinière et les remplacer par des paresthésies non douloureuses. La théorie dite du « portillon » est la plus généralement acceptée parmi les mécanismes proposés pour expliquer le soulagement de la douleur : les influx non douloureux referment les « portillons nerveux » pour bloquer l’impulsion douloureuse, l’empêchant ainsi d’atteindre le cerveau.
Un bond en avant
Générateurs miniaturisés, plus puissants, dotés d’une informatique embarquée considérable ; implantation croissante en percutané permettant une évaluation en temps réel par le patient du positionnement de l’électrode et un moindre recours aux électrodes chirurgicales : les techniques d’aujourd’hui n’ont plus grand-chose à voir avec le matériel des années 2000 et même 2010.
Du fait de ces évolutions, la stimulation médullaire commence à se tailler une place dans le paysage de l’antalgie des douleurs neuropathiques périphérique liées à une altération des nerfs ou des racines nerveuses. « Dans la lombosciatalgie, une situation courante, la stimulation médullaire est une technique totalement validée (par la SFETD et la HAS) et remboursée en tant que traitement de troisième ligne après échec des traitements médicamenteux des douleurs neuropathiques », précise le Pr Denys Fontaine, neurochirurgien (CHU de Nice).
Comme l’efficacité de la stimulation tonique (paresthésique) est plus élevée sur la douleur du membre inférieur que sur la composante « lombalgie », de nouvelles formes d’ondes dites imperceptibles (car elles n'induisent pas de paresthésies) ont été développées. Elles ne sont pas validées à ce jour dans la lombalgie isolée mais dans l’indication « douleurs neuropathiques ». Ces nouvelles modalités de stimulation médullaire sont en cours d’étude dans la lombalgie isolée, et parfois utilisées à titre compassionnel.
Dans des mains expertes, et après une procédure de sélection rigoureuse et multidisciplinaire des candidats, la stimulation médullaire peut soulager 50 à 80 % des personnes douloureuses chroniques réfractaires à tout traitement.
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