Les jouets ou les objets connectés dits aussi jouets Internet forment un circuit partant d’un capteur qui reçoit l’information, d’une identification pour entrer en connexion avec un réseau internet et d’un déclenchement d’une action sur commande au niveau de l’objet ou de l’environnement. Les exemples nombreux vont de l’arrosage déclenché à distance à des objets plus ou moins rassurants : les drones, les montres, les capteurs des sportifs et même des vêtements, etc.
Le répertoire des jouets connectés est difficile à faire tant les limites sont imprécises et l’innovation très rapide. On connaît bien les jeux en ligne et les écrans tablettes téléphone permettant l’échange d’informations sans réelle transmission d’action involontaire. D’apparition plus récente, les poupées connectées répondent à l’enfant après reconnaissance vocale et une recherche connectée. La fonction jouet peut être associée à une fonction surveillance qui permet aux parents de surveiller leur enfant à distance. Des ours en peluche peuvent avoir cette fonction. Le « Doudou » connecté a de multiples fonctions et envoie des informations en les analysant. La publicité sur internet pour ces jouets est a priori inquiétante : « H… Le robot-ami-professeur que vos enfants vont adorer », « J.Le DJ des bacs à sable », « Des jouets connectés pour faire comme les parents », « P. va raconter des histoires à vos enfants », etc.
Des écrans aux jouets : des connexions sans limites ?
Le développement des connexions avait déjà beaucoup fait réagir les milieux médical et éducatif après le développement vertigineux des écrans. Tous les rapports auxquels nous faisons référence avaient souligné l’intérêt, mais également le danger pour les enfants, des connexions sans limites. Le jouet connecté semble être une nouvelle étape qui introduit une intervention à distance parfois sous couvert de sécurité et de bienveillance ! On habituerait ainsi l’enfant à un lien permanent hors de tout conseil parental.
Le rapport de l’Académie des Sciences (1) rappelait la nécessité pour la construction de l’enfant d’un repérage associé spatial par les « interactions avec l’environnement » et temporel, en particulier par la relation avec les adultes principalement les parents. Il indiquait que les écrans, les jouets connectés ne « peuvent absolument pas remplacer les jouets traditionnels comme les cubes en bois ou les poupées dans la chambre des enfants, pas plus qu'ils ne peuvent remplacer les interactions avec les adultes ».
Les jouets numériques permettront peut-être « de développer certaines formes d’intelligence » sans aucune certitude et à condition qu’ils soient accompagnés et qu’ils n’occupent pas tout l’espace de jeux des enfants.
L’inquiétude vient aussi d’un manque de sécurité juridique des jouets connectés. Des failles ont été montrées en Amérique du Nord sur le « Fischer-Price Smart Toy » ou sur la version connectée de Hello Barbie. Des informations personnelles sont collectées sans consentement des enfants (qui souvent ne peuvent pas lire la notice en raison de leur âge) ou de leurs parents selon l’université de Montréal.
Quels conseils aux parents ?
Le groupe de Pédiatrie Générale de la Société française de pédiatrie a rédigé récemment en lien avec l’Union nationale des associations familiales (UNAF), cinq conseils simples sur le sujet « L’enfant et les écrans » en tenant compte des recommandations nationales et internationales publiées. Parmi ces recommandations certaines peuvent plus particulièrement s’appliquer aux jouets connectés.
« Osez la parentalité » pour le choix des jouets et pour leur utilisation et aussi pour poursuivre les temps de jeux et d’échange. Le maintien des moments sans connexion implique de pouvoir supprimer la connexion des jouets comme on supprimait les piles des jouets sonores.
Accompagner les enfants pour tous les jeux connectés implique que la pratique de ces jeux se fasse dans un espace familial commun. Serge Tisseron ajoute, comme nos collègues canadiens, la nécessité d’une législation des objets connectés. Il demande également une déconnexion accessible et efficace « évitant une fausse déconnexion qui la laisserait fonctionner alors que l’usager pense l’avoir interrompue ».
La question principale reste les limites de possibilité de nos actions de nos conseils face à une industrie des techniques de communication aussi incisive ? Peut-être aurons-nous à réfléchir sur une définition du bien-être de l’enfant.
CHU Nantes et Groupe de Pédiatrie Générale (GPG) de la Société française de pédiatrie (SFP)
(1) L’enfant et les écrans : un avis de l’Académie des Sciences 2013
www.academie-sciences.fr
Recommandations de l’Académie Américaine de Pédiatrie sur l’usage des écrans : « Growing Up Digital: Media Research Symposium » www.aap.org Octobre 2015
Serge Tisseron. Objets interconnectés : Aurez-vous donc notre âme ? www.huffingtonpost.fr (mise à jour 11/02/2015)
L’Enfant et les écrans. Pédiatrie Pratique 2016;279:9-16
Lussier- Lejeune F. Les jouets connectés destinés aux enfants sont ils suffisamment encadrés par le système juridique canadien http://droitdu.net/2016/03
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