Même si l'image des soins hospitaliers publics reste excellente chez les Français, ces derniers sont de plus en plus nombreux à considérer que la situation des établissements tend à se détériorer, selon un baromètre Odoxa* présenté ce lundi.
La situation est paradoxale. Près de trois quarts des Français (72 %) disent avoir une bonne ou très bonne image des établissements de santé publics (à noter que l'indice positif d'image grimpe à 81 % chez les généralistes de ville). Plus des deux tiers des sondés sont aussi convaincus que le système public prodigue des soins de qualité et 8 Français sur dix jugent qu'il est facile d'avoir accès à l'hôpital.
Un parcours de soins déficient
Mais l'étude alerte sur la nouvelle tendance négative puisque la mauvaise image de l'hôpital (28 %) progresse tout de même de 8 points par rapport à 2016. Même constat préoccupant sur l'accès aux soins hospitaliers (+11 % de difficulté constatée). « Les Français sentent que l'hôpital est pris dans des lourdeurs administratives et organisationnelles. L'absence de politique forte d'investissement peut donner le sentiment que la modernisation de l'hôpital n'est pas au rendez-vous », a commenté ce lundi Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF).
Autre alerte : l'insatisfaction croissante des usagers (20 %) dans la gestion de leur relation avec l'hôpital (avant, pendant et après passage). Surtout, le nombre de Français considérant que le parcours de soins coordonné (entre le médecin référent, les spécialistes et les hôpitaux publics) se déroule correctement a chuté de 13 points depuis 2015 (56 % de satisfaction contre 69 %). Les médecins sont encore plus sévères : 70 % assurent que le parcours de soins n'est pas ou plus satisfaisant. Au cœur du problème, les Français pointent les échanges entre professionnels de santé, jugés trop irréguliers (61 %).
« Ces chiffres sont durs, on dirait que personne n'est aux commandes. Seuls 16 % des directeurs d'hôpitaux estiment que le parcours de soins se passe bien, souligne le Dr Philippe Denormandie, directeur relations santé de MNH Group.
Les pouvoirs publics responsables
Interrogés dans ce contexte sur l'évolution de la qualité des soins fournis par les établissements (hôpitaux et cliniques), 75 % des Français pensent qu'elle va plutôt se détériorer, un sombre pronostic partagé, à un degré moindre, par les médecins (74 %) et les directeurs d'hôpitaux (57 %).
Cette dégradation est surtout imputée aux pouvoirs publics : 67 % des Français estiment ainsi que l'avenir des structures de santé est mal pris en considération. Pourtant, la quasi-totalité des sondés (96 %) s'accordent à dire que l'avenir des établissements constitue un enjeu primordial de société et même une priorité de financement et d'investissement (94 %).
Attrait croissant pour l'ambulatoire
92 % des Français considèrent que l'hôpital du futur sera un acteur clé du dispositif de prévention en santé. Et la moitié d'entre eux estiment que la prise en charge des malades atteints de pathologies lourdes se fera « de plus en plus hors des murs hospitaliers ». D'ailleurs, 64 % des sondés préféreraient, même en cas de pathologie lourde, être soignés chez eux et se rendre de temps en temps à l'hôpital. Surtout, 85 % seraient prêts à accepter une hospitalisation ambulatoire dans le cadre d'une opération, ce qui montre l'attrait puissant de ce mode de prise en charge.
S'agissant de la carte hospitalière, les Français sont partagés : 52 % d'entre eux préfèrent avoir accès seulement à un grand hôpital « potentiellement plus loin de chez eux mais qui concentrerait de nombreuses spécialités et pourrait traiter la plupart des problèmes de santé », plutôt qu'à plusieurs petits hôpitaux plus proches mais aux moyens limités et ne couvrant pas tous les besoins (47 %).
Prudence face au big data et à l'IA
Du côté des outils numériques, la perception favorable progresse. Plus de huit Français sur dix pensent que le développement des outils numériques améliorera le parcours du patient à l'hôpital. Dans le détail, 83 % des Français considèrent que la prise de rendez-vous en ligne ou sur des applications est utile. 79 % se prononcent pour un dossier informatique regroupant toutes les informations de santé sur le patient. Trois quarts des sondés estiment aussi que les questionnaires patients en ligne de pré- et post-hospitalisation en ambulatoire sont nécessaires et qu'il faudrait généraliser les pré-admissions en ligne. Le suivi post-hospitalisation via des objets connectés est accepté par 71 % des usagers.
Toutefois, les avis sont parfois plus réservés au sujet de certaines « avancées » technologiques. L'idée d'utiliser des robots doit faire son chemin (43 % des Français affichent des craintes). Des inquiétudes sont exprimées vis-à-vis du recours au big data en santé (54 %), de l'utilisation de l'intelligence artificielle pour préconiser des traitements (60 %) et de la généralisation des opérations à distance (62 %). « L'adhésion dans ces domaines est déjà élevée et même parfois majoritaire auprès des plus jeunes », précise toutefois Gaël Sliman, président d'Odoxa.
* Étude réalisée pour Orange Healthcare, MNH GROUP et la FHF auprès de 1 023 Français, 442 médecins et 134 directeurs d'hôpitaux interrogés entre le 14 et 30 septembre 2017.
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