LE QUOTIDIEN : Pour le médecin, quels sont les avantages de la révolution numérique ? Quels sont les dangers ?
Dr Cécile Monteil : La révolution numérique apportera de l'aide pour le diagnostic et le choix du traitement dans les situations complexes ou dans le suivi des patients atteints de maladies chroniques grâce aux applications et aux objets connectés. Elle aidera également à la gestion des tâches administratives et du cabinet ! Autre évolution majeure : la télémedecine, lorsqu'elle sera déployée à l'échelle nationale, transformera une partie de la pratique avec les téléconsultations et la télé-expertise.
Mais attention, rien ne se fera sans le médecin. Le numérique apporte, certes, de nouveaux outils et services, mais ce n'est pas une solution médicale en soi.
La transformation digitale peut faire peur aux professionnels qui redoutent que cette révolution rende leur exercice plus compliqué en les faisant crouler sous une avalanche de data. Ils craignent parfois d'être remplacés. En réalité, le but de ces outils est de faire gagner du temps médical et donc de l'efficacité.
Quelques sont les applications dont vous vous servez ?
J'utilise « Medpics », une appli de partage de photos de cas cliniques. Elle permet, lorsqu'un médecin a une question, d'envoyer de façon sécurisée une photo et d'obtenir une réponse assez rapidement grâce aux confrères (environ 6 000 praticiens). J'apprends toujours quelque chose en médecine ce sont souvent des cas spéciaux. J'utilise également « Alivecor », un ECG sur smartphone. C'est une application américaine qui permet grâce à un capteur de dépister les troubles du rythme cardiaque. Mais c'est limité.
Aujourd'hui, la plupart des applis et objets connectés ne sont pas pertinents. Et s'il n'y a pas de valeur ajoutée, ils sont mis au placard ! Dans le futur, à mon sens, les technologies répondront à un besoin direct des patients et médecins. Il faudra les encadrer, les contrôler et les réglementer, vérifier leur efficacité avant d'accéder au marché.
Comment accompagner les praticiens dans la transformation numérique ?
Il faut avant tout les informer. On ne peut maîtriser ce que l'on ne connaît pas ; or les médecins aujourd'hui n'ont quasiment aucune formation au digital, ni à la fac ni après !
Il faudra aussi faire appel à de nouveaux métiers, tels que des coordinateurs du parcours de soins et des analystes de data dédiés aux applications. Personne n'est encore prêt à cette transformation. Il sera enfin nécessaire de décloisonner les frontières entre les médecins et d'autres professions – ingénieurs, designers...
C'est petit à petit, en testant de nouveaux services, que les plus pertinents émergeront de la masse et seront adoptés. Il ne faut surtout pas forcer les médecins, sinon ça ne marchera pas. Les praticiens doivent, tout comme les patients, participer au développement et à l'évaluation de ces outils afin qu'ils s'intègrent dans nos pratiques.
Cette association vise à éveiller la communauté médicale aux nouvelles technologies
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