Quand un économiste, un ex-ministre et un chirurgien s'imaginent à Ségur

Par
Publié le 05/07/2017
debat

debat
Crédit photo : DR

Lorsqu'un économiste et un ancien ministre de la Santé dialoguent en compagnie d'un chirurgien sur les changements à apporter au système de santé français, cela donne parfois des échanges surprenants.

À l’issue de sa récente assemblée générale annuelle, le Syndicat national de l'industrie des technologies médicales (SNITEM) a organisé un débat intitulé « Début de quinquennat, on change quoi » ? Y participaient l'économiste Nicolas Bouzou, l'ancien ministre de la Santé Claude Evin et le Pr Corinne Vons, chirurgien digestif et présidente de l'Association française de chirurgie ambulatoire.

Nicolas Bouzou attaque. Selon lui, Emmanuel Macron a le mérite d'avoir compris que le principal défi du système de santé français sera « de rendre l'accès à l'innovation équitable pour tous les Français ». Mais l'innovation, prévient-il, « ça bouscule, ça casse tous les silos existants, ça suppose des changements profonds ». L'économiste assure aussi que s'il était ministre de la Santé, il commencerait par désengorger l'hôpital en favorisant l'ambulatoire et la télémédecine.

Les deux autres intervenants tempèrent ce bel enthousiasme. Corinne Vons saisit la balle au bond, rappelant que l'ambulatoire était déjà une priorité nationale, « mais une priorité édictée sans investissement et en voulant diminuer les coûts ». Pour le chirurgien, cela vient notamment d'une méconnaissance française de ce qui s'est passé à l'étranger où on a misé sur l'ambulatoire bien avant nous. « Dans les années quatre-vingt, se remémore-t-elle, les pays nordiques étaient déjà en pointe dans l'ambulatoire pendant que la France construisait encore des hôpitaux-hôtels. » Bref, s'il veut privilégier l'ambulatoire, le nouveau président va trouver sur son chemin un certain nombre d'obstacles, semble indiquer le Pr Vons.

Faire tomber les rigidités

Claude Evin intervient à son tour. Rebondissant sur le souhait de Nicolas Bouzou de favoriser la télémédecine, il juge que, sur ce sujet comme en ambulatoire, « la France n'est pas au rendez-vous ». La notion de télémédecine a été introduite dans le code de la santé publique en 2004, rappelle-t-il, et le décret sur les formes qu'elle peut prendre date de 2010. Quant aux expérimentations, il aura fallu attendre la loi de financement de la Sécurité sociale de 2014 pour qu'elles soient lancées. Pour l'ancien ministre de la Santé, le dossier n'avancera que si on fait « tomber certaines rigidités », et si on adopte « des mécanismes plus rapides entre l'expérimentation et le déploiement ».


Source : lequotidiendumedecin.fr