La e-santé devient une composante importante de la cardiologie : c'est du moins la conviction du Syndicat national des spécialistes des maladies du cœur et des vaisseaux (SNSMCV). Après avoir soutenu le protocole Sophoc sur le suivi des patients hypertendus par des objets connectés, le syndicat a signé un partenariat avec Newcard. Cette start-up lilloise créée par deux cardiologues libéraux a développé un service baptisé « une minute pour mon cœur », permettant aux patients insuffisants cardiaques un suivi à domicile.
L'objectif : prévenir plus efficacement les cas de décompensation cardiaque et réduire de 20 % les hospitalisations sur douze mois.
Un système d'alerte
Grâce à un équipement remis par Newcard (balance et tensiomètre connectés à une appli mobile), le patient en ALD se situant en structure médico-sociale ou à son domicile pourra surveiller l'évolution de ses données. Pour être éligible le patient devra avoir subi une hospitalisation au cours des 30 derniers jours pour une poussée d'insuffisance cardiaque chronique ou avoir été hospitalisé au moins une fois dans l'année écoulée pour le même motif avec un taux de peptides natriurétiques élevé.
Le cardiologue sera alerté si l'un des indicateurs – poids, fréquence cardiaque – présente d'importantes anomalies après un éventuel contrôle par un infirmier.
Pour donner lieu à rémunération, la prestation de télésurveillance doit obligatoirement s'accompagner d'un accompagnement thérapeutique du patient (au moins 3 séances dans les 6 mois suivant son inclusion) par un médecin ou un professionnel de santé attestant d'une formation minimale en éducation thérapeutique (DU ou programme de DPC pour les médecins).
Dans l'attente des lettres clés
Le SNSMCV cherche à recruter des cardiologues susceptibles d'intégrer cette expérimentation nationale. « On voit que dans l'insuffisance cardiaque, traiter les gens ponctuellement ne suffit pas, explique son président, le Dr Jean-Pierre Binon. L'organisation des soins doit évoluer pour s'inscrire dans l'accompagnement et l'éducation thérapeutique. Cette initiative est une occasion pour les cardiologues de s'approprier ces nouveaux modes de travail tout en responsabilisant les patients. »
Le recrutement des cardiologues a commencé mais pas l'expérimentation elle-même, qui a pris beaucoup de retard. « Nous attendons la publication d'un texte qui officialise la création des lettres clés rémunérant les acteurs », précise le Dr Binon. Il est prévu que le médecin effectuant la télésurveillance touche 110 euros par semestre et par patient, que le professionnel qui fait l'accompagnement thérapeutique perçoive 60 euros par semestre et par patient. L'industriel serait lui rétribué 300 euros par semestre et par patient.
Le cahier des charges n'inclut pas pour l'heure de généralistes mais « il est évident qu'il faudra les intégrer sur le terrain », précise le Dr Binon.
Un système conçu pour plusieurs milliers de patients
Le Dr Grégory Perrard, cardiologue dans le Nord et cofondateur de Newcard, est persuadé que la profession doit aujourd'hui se tourner vers les nouvelles technologies qui pourraient « impacter l'exercice futur ». À ce jour, une cinquantaine de cardiologues hospitaliers et libéraux se sont porté candidats. « Notre système informatique est conçu pour suivre rapidement et traiter les données de plusieurs milliers de patients », explique le Dr Perrard.
La France compte 800 000 personnes souffrant d'insuffisance cardiaque chronique dont 148 000 sont hospitalisées chaque année, ce qui entraîne 1 750 000 journées d'hospitalisation, précise le ministère de la Santé dans le cahier des charges de l'expérimentation. Une grande partie pourrait être évitée puisque la moité des patients présentent des signes cliniques annonciateurs d'une progression de leur maladie dans les cinq jours qui précèdent leur passage aux urgences.
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