« Les objets santé connectés sont absents du parcours de soins pour l’instant », souligne le Dr Eric Couhet, médecin généraliste à Cholet et président-fondateur de la communauté « Connected doctors ».
La faute selon lui aux entreprises du secteur e-santé qui « n’ont pas la bonne approche », regrette-t-il. « La santé connectée peut être une valeur ajoutée dans les parcours de soins s’il y a un accompagnement des professionnels. Or, pour l’instant, les fabricants n’ont pas encore mis les pieds dans cabinets médicaux », fait-il remarquer. En investissant de plus en plus les grandes surfaces, les leaders du secteur « brouillent le message et renforcent chez certains professionnels l’idée de la dimension gadget de la santé connectée », poursuit le Dr Couhet. « On a l’impression que ces entreprises veulent du grand-public à tout prix pour sauver leur mise. À ce rythme, je ne suis pas persuadé que la santé connectée va vraiment se déployer en France dans les prochaines années », déclare-t-il.
Service médical rendu
Responsable du site automesure.com et co-développeur de la solution Hy-Result dans la surveillance automatique et connectée de l’hypertension artérielle, le Dr Nicolas Postel-Vinay (unité HTA, Hôpital Européen Georges Pompidou) ne constate pas non plus un boom des objets connectés parmi les malades. « À notre connaissance – et l’on voit 4 500 patients par an – la diffusion des tensiomètres connectés achetés dans le grand public reste tout à fait modeste. La majorité des sept millions de tensiomètres entre les mains des patients reste non connectée », indique-t-il. Pour le Dr Jacques Lucas, délégué général aux systèmes d’information au Conseil national de l’Ordre des médecins, « les objets connectés et applications ne seront véritablement intégrées dans un parcours de soins que si ces dispositifs font la preuve d’un service médical rendu dans des pathologies données ». À ce titre, le nouveau référentiel de la Haute-Autorité de Santé établissant « 101 règles de bonne pratique » en matière d’applications et d’objets connectés constitue un premier pas dans le long chemin qu’il reste à parcourir pour mieux encadrer ce secteur.
Panier de soins
Aux yeux de Magali Léo, chargée de mission au Collectif interassociatif sur la santé (CISS), les entreprises digitales doivent aussi davantage intégrer les patients dans la conception de leurs solutions pour que celles-ci soient véritablement utiles dans le quotidien d’un malade et adoptées de manière pérenne. « L’autre condition, c’est la place dans le panier de soins remboursable de la e-santé en général », ajoute-t-elle. « Indépendamment de la notion de parcours, la sécurité et la fiabilité des dispositifs sont d’autres éléments majeurs » pour envisager une réelle démocratisation de ces solutions. Or, les algorithmes de ces objets qui permettent de générer voire interpréter des données de santé relèvent encore de la « boîte noire ». Et la démarche d’évaluation clinique de ces algorithmes, à l’image de la solution Hy-Result du Dr Postel Vinay reste du domaine de l’exception. Et « Je ne sais pas si les fabricants ont vraiment envie d’être évalués » à ce niveau, glisse-t-il.
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