L’ophtalmologie est une spécialité pionnière dans le domaine de la télémédecine. « Elle est la première, en effet, pour laquelle l’Assurance-maladie a créé une cotation spécifique, pour les orthoptistes et ophtalmologistes, dans le cadre du dépistage de la rétinopathie diabétique. Il a fallu dix ans pour que cette cotation soit mise en place. Et cela a pu se concrétiser grâce à un projet pilote très important conduit sous l’impulsion de la Pr Pascale Massin au sein de l’Assistance publique hôpitaux de paris », indique Raphaël Amar, orthoptiste, qui a rédigé une thèse professionnelle consacrée à la télé-ophtalmologie dans le cadre d’un Master spécialisé à l’Essec Business School, en évoquant le réseau Ophtalmologie Diabète Télémédecine (OPHDIAT) lancé au début des années 2000. « L’objectif était de développer le dépistage de la rétinopathie diabétique avec des photos faites par des orthoptistes et une interprétation effectuée à distance par les médecins. Depuis 2004, plus de 100 000 patients auraient bénéficié de ce dépistage. Ce projet a permis de démontrer l’efficacité de ce dispositif de télémédecine. Il est validé par la Haute Autorité de santé (HAS) et la Sécurité sociale pour la mise en place de la cotation », souligne Raphaël Amar.
« Au départ, les ophtalmologistes ont craint la mise en place d’un système concurrent des cabinets traditionnels. Mais le réseau a clairement réaffirmé que l’objectif était de dépister des patients diabétiques qui ne se savent pas atteints de rétinopathie », ajoute-t-il.
Quelques freins restent
D’autres projets de télémédecine ont été mis en place ces dernières années, notamment dans des réseaux diabète. « Ils sont organisés autour de CHU, de centres de santé ou d’unités mobiles avec des camions qui se déplacent sur le terrain pour faire du dépistage », indique Raphaël Amar, en précisant que ces dispositifs itinérants ont été mis en place avec le soutien des Unions régionales des professionnels de santé (URPS).
En dépit de la mise en place de cette cotation des actes pour les orthoptistes, il reste des freins au développement de cette télémédecine. « Un des principaux écueils reste le modèle économique qui, sans doute, doit encore être affiné. Il y a d’abord la question du coût du rétinographe, de l’ordre de 10 000 à 25 000 €, ce qui est une somme difficile à amortir dans la pratique quotidienne d’un orthoptiste libéral. Conscientes de ce problème, certaines Agences régionales de santé (ARS) participent d’ailleurs au financement de ces appareils », souligne Raphaël Amar.
Un autre frein est la mise en place d’un dispositif qui permette d’inciter tous les acteurs à s’engager, notamment les ophtalmologistes qui s’interrogent sur la cotation (11,40 €) retenue par l’Assurance-maladie pour la lecture des clichés (lire article avec le Dr Rottier). « Il est certain qu’il faut avoir une organisation optimisée pour que les médecins puissent faire un maximum de lectures durant un temps donné. C’est un élément à prendre en compte, car la télémédecine ne pourra se développer qu’avec un modèle économique assurant une juste rémunération de tous les acteurs », insiste Raphaël Amar.
Mais la rétinopathie diabétique n’est pas la seule pathologie pour laquelle la télémédecine peut présenter un intérêt. « Cela peut être utilisé pour le dépistage de la rétinopathie du prématuré ou de la DMLA, comme ont pu témoigner des projets pilotes menés en Ile-de-France par la Fondation Rotschild ou au CHU de Lyon. La télémédecine pourrait également être utilisée pour la réfraction et le renouvellement de lunettes. Un projet dans ce sens est actuellement mené au CHU de Rouen », indique Raphaël Amar.
La télémédecine offre aussi de nombreuses opportunités dans d’autres spécialités médicales. « Nous avons atteint un certain niveau de maturité technologique et les projets sont très nombreux. En 2012, toutes spécialités confondues, on recensait plus de 330 projets de télémédecine en France, soit 48 % de plus que l’année précédente », indique Raphaël Amar.
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