Laboratoires

Abbott à contre-courant ou précurseur ?

Publié le 21/02/2013
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L’INDUSTRIE pharmaceutique nous avait plutôt habitués aux fusions et acquisitions.

Dans ce contexte, Abbott a créé la surprise en fondant Abbvie, société indépendante qui regroupe tous les produits de spécialité du groupe (1). Même si le président d’Abbvie, Denis Hello, reconnaît que cette stratégie peut paraître à contre-courant, plusieurs raisons de fond la justifie.

Avec ses 21 000 collaborateurs dans 170 pays, Abbvie entend devenir une entreprise biopharmaceutique (à mi-chemin entre la pharmacie et la biotechnologie) en développant une culture d’entreprise qui lui est propre, tout en empruntant l’agilité et la réactivité des biotechs.

À court terme, Abbvie mise sur le développement de nouvelles indications d’Humira, médicament phare du groupe (premier des anti-TNF à obtenir récemment son indication dans la rectocolite hémorragique). Il s’agit aussi d’assurer le développement des autres produits du portefeuille Abbott, en particulier dans le Sida (Kaletra, Norvir) et en néonatalogie (Synagis).

Accès plus précoce aux thérapies.

Mais Abbvie ne se contente de gérer les acquis, fondant ses espoirs sur 30 molécules dont 20 sont en phases II et III. Neuf de ces molécules sont le fruit d’alliances avec d’autres firmes, ce qui illustre la volonté d’Abbvie d’être à la fois découvreur et développeur de produits pharmaceutiques. Enfin, le tiers de ces molécules sont des produits biologiques.

De surcroît, Abbvie veut élargir son champ de compétence avec des développements en virologie (lancement espéré dans l’hépatite C en 2015), en neurosciences (et douleur), en gynécologie (endométriose, fibrome), en onco-hématologie et, bien sûr, en immunologie (Humira devant être rejoint par de nouvelles classes thérapeutiques et des technologies innovantes). Autant de facteurs qui laissent espérer 15 enregistrements entre 2013 et 2017.

En poursuivant ce qu’avait initié Abbott dans l’infection VIH et les rhumatismes inflammatoires, Abbvie devrait multiplier les initiatives sur plusieurs fronts pour améliorer la prise en charge des patients : participer à la formation des professionnels de santé, favoriser l’accès plus précoce aux thérapies efficaces (les délais thérapeutiques n’étant pas rares dans certaines pathologies), promouvoir le bon usage des médicaments. Il s’agit aussi de transformer le regard de la société sur l’impact lourd des maladies chroniques sur les capacités professionnelles et la qualité de vie.

« La France occupe une grande place dans cette stratégie, insiste Denis Hello. En particulier dans le domaine des essais cliniques qui incluent plus de 7 000 patients et dont le nombre a augmenté de 50 % entre 2011 et 2013. Le fait que la France accueille le siège européen d’Abbvie illustre bien la place de notre pays dans la stratégie du groupe. »

(1) Conférence de presse organisée par Abbvie France

 Dr ALAIN MARIÉ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9220