L’ANSM insiste sur la complexité de leurs molécules, produites à partir d’organismes vivants par génie génétique, une complexité qui fait toute la différence avec les petites molécules des génériques chimiques, produites, elles, par synthèse chimique, et bien plus faciles à fabriquer. Entre le médicament de référence et ses biosimilaires, des différences sont inévitables en raison de la variabilité biologique des sources de production. Et elles expliquent la mise en œuvre de procédures d’encadrement spécifiques, que ce soit pour l’autorisation des biosimilaires, pour leur prescription et pour leur substitution aux princeps.
C’est l’EMA (Agence européenne du médicament) qui évalue et homologue les biosimilaires, sans se contenter d’une simple bioéquivalence, comme pour les génériques chimiques, mais en délivrant une AMM : elle vérifie l’efficacité et la sécurité du produit dans chacune des indications thérapeutiques du médicament de référence, en analysant le mécanisme d’action impliqué (études pré-cliniques et cliniques de phases 1 et 3). Et elle assortit l’autorisation d’un dispositif de surveillance de la réponse immunologique lors de l’administration du produit, un dispositif que le laboratoire doit mettre en œuvre en plus des mesures de suivi obligatoire pour la molécule de référence.
14 biosimilaires, 3 substances actives
À ce jour, quatorze biosimilaires représentent trois substances actives différentes : l’époïétine, copie de l’érythropoïétine, hormone qui stimule la production de globules rouges dans la moelle osseuse, une substance notamment indiquée dans le traitement de l’anémie chez des patients atteints d’insuffisance rénale ou de certains types de cancers ; le filgrastim, un médicament proche du facteur de croissance qui stimule la production de globules blancs par la moelle osseuse et qui est notamment indiqué pour des patients traités par chimiothérapie cytotoxique ou infectés par le VIH à un stade avancé ; la somatropine, identique à une hormone de croissance, indiquée chez l’enfant présentant des troubles de croissance en raison d’un déficit hormonal.
Depuis leur apparition en 2004, année où les premiers brevets des médicaments issus de la biotechnologie, sont tombés dans le domaine public, les biomédicaments ne pouvaient faire l’objet d’une substitution automatique, comme pour les génériques chimiques. Pour booster les biothérapies au meilleur coût pour la collectivité, les biosimilaires étant 20 à 30 % moins chers que les médicaments de référence, la loi de financement de la Sécurité sociale de 2014 a levé cette restriction. Les pharmaciens vont pouvoir substituer en informant le médecin prescripteur. Une disposition censée rapporter entre 500 millions et un milliard d’euros d’économie par an, alors que les médicaments biosimilaires ne représentent pas 10 % des prescriptions. Si la mesure ne fait pas l’unanimité, tout le monde en est d’accord : le champ du biosimilaire va inéluctablement s’étendre. Et vite : en 2020, une dizaine de brevets tomberont dans le domaine public (anticorps monoclonaux) et avec eux 10 % des médicaments biotechs. C’est un marché européen estimé à 20 milliards d’euros.
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