Ce n’est pas le moindre des paradoxes de ces temps agités par la crise du Mediator, les pilules de 3e et 4e génération ou les livres polémiques sur certaines molécules. Selon la 3e étude de l’Observatoire sociétal du médicament (mis en place par le LEEM), la confiance des Français à l’égard des médicaments progresse - 87 % contre 84 % en 2012 et 82 % en 2011.
Pour ce cru 2013, l’observatoire sociétal a doublé son étude habituelle en direction du grand public par une autre, ciblée sur les médecins généralistes (*).
• Médicament : niveau élevé de confiance
Si 87 % des Français ont confiance dans le médicament, ce chiffre se hisse à 94 % chez les prescripteurs. Les Français ont encore plus confiance (92 %) dans les médicaments qu’ils consomment eux-mêmes.
Chez les prescripteurs, la confiance grimpe à 99 % pour les médicaments qu’ils prescrivent.
43 % des Français indiquent prendre des médicaments tous les jours, hors pilule contraceptive (66 % au moins une fois par mois).
Cette confiance ne rend pas les Français aveugles : 87 % d’entre eux (86 % côté médecins) jugent qu’on consomme trop de médicaments en France, et 90 % savent que ce sont des produits actifs qui peuvent présenter certains risques (100 % chez les médecins).
Des risques qui conduisent 64 % de nos compatriotes, en marge des informations délivrées par leur médecin ou leur pharmacien, à aller chercher des renseignements complémentaires, le plus souvent sur la notice ou sur internet. « Ce niveau de confiance nous a surpris, a expliqué ce jeudi Hervé Gisserot, président du LEEM, syndicat patronal de l’industrie pharmaceutique. Cette confiance n’est pas béate, les Français ont un haut niveau de maturité, et ils sont manifestement peu perméables aux polémiques récentes ».
• Produits non remboursés : moins d’adhésion
Les Français ont surtout confiance dans les médicaments sur ordonnance (93 % chez les patients et 99 % côté médecins), dans les médicaments remboursés (92 % et 95 %) et dans les produits de marque (88 % et 82 %).
Ce niveau de confiance baisse quand il s’agit de médicaments dispensés sans ordonnance (66 % et 41 %), ou non remboursés (74 % et 56 %). 13 % des Français assurent n’avoir pas confiance du tout dans les médicaments. Ils étaient 16 % en 2012 et 17 % en 2011. C’est surtout le risque d’effets indésirables qui est invoqué.
• Génériques : le doute s’installe
Malgré la campagne du GEMME (regroupement de fabricants de génériques) et le discours des pouvoirs publics, seuls 58 % des Français (- 7 % par rapport à 2012) et 50 % des médecins estiment qu’un princeps et son générique ont la même efficacité. Cette différence importante avec le niveau de confiance général est « un élément d’inquiétude » pour le LEEM, qui note que « si les Français consomment de plus en plus de génériques, la confiance s’érode ».
• Les laboratoires jugés âpres au gain
63 % des Français et 69 % des médecins ont une image positive des laboratoires pharmaceutiques (32 % et 27 % pour les banques et les assurances) mais ils restent lucides. Ils jugent que les laboratoires ont pour objectif principal de faire du profit (90 % des patients et 96 % des médecins), qu’ils ne font de la recherche que pour les médicaments financièrement rentables (83 % pour les patients et les médecins), et qu’ils sont plus soucieux de leurs bénéfices que des malades (78 % et 63 %). Hervé Gisserot nuance. « On peut être profitable tout en étant déontologique et en apportant un plus à la santé publique ».
• Patient-médecin : couple comme les autres
51 % des Français assurent parler avec leur médecin de ce qu’ils ont lu sur un médicament ou une pathologie sur internet. Une volonté de dialogue confirmée par les médecins : tous les praticiens (100 %) confirment avoir ce type d’échange avec certains patients.
62 % des Français prennent parfois leur courage à deux mains et demandent à leur médecin un médicament particulier. 96 % des médecins se rappellent avoir eu ce type de demande. Mais on frôle parfois la scène de ménage... 25 % des Français ont déjà manifesté leur désaccord avec leur médecin parce qu’il ne leur avait pas prescrit ce qu’ils souhaitaient. Et 20 % des patients ont déjà confronté en sa présence le diagnostic du médecin à celui trouvé sur internet. 93 % des médecins reconnaissent avoir déjà vécu l’une ou l’autre de ces situations.
(*) Patients : 1002 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Médecins : 503 praticiens constituant un échantillon représentatif des médecins généralistes libéraux.
Tous interrogés entre le 21 janvier et le 11 février 2013.
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