« À quoi sert l’ANSM ? » C’est la question posée avec une pointe de sarcasme par le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) en plein débat sur la dangerosité des pilules contraceptives de troisième génération. Au mois de décembre, une jeune femme a porté plainte après un AVC imputé à ce produit.
Dans un communiqué publié en ligne le 3 janvier, le SNJMG regrette le rôle passif joué dans cette affaire par l’Agence nationale de sécurité des médicaments qui « s’est contentée de publier un rappel de bibliographie le 21 décembre 2012 », selon le syndicat. Le risque thromboembolique veineux lié aux pilules 3G était pourtant évoqué dans les revues scientifiques dès les années quatre-vingt-dix, rappelle le syndicat. Et la HAS avait elle même baissé, en septembre dernier, de « important » à « insuffisant » la cotation du SMR (service médical rendu) de ces produits, amenant le ministère de la Santé à programmer leur déremboursement en septembre 2013 (avant de ramener cette date à mars).
Les généralistes boucs émissaires
Mais ce qui fait le plus bondir le SNJMG, c’est la proposition de l’agence, il y a quelques jours, de réserver la prescription de ces pilules aux gynécologues. Une proposition d’autant plus aberrante pour les jeunes que les chiffres officiels (de l’ANSM !) indiquent que ce sont justement les gynécologues qui sont les plus gros prescripteurs de pilules de troisième génération, devant les généralistes.
Le SNJMG se dit « stupéfait d’une telle proposition » et demande des mesures plus radicales pour protéger la population concernée, à commencer par l’interdiction de prescription de ces pilules en première intention.
L’UNOF-CSMF monte au créneau
Au delà de l’enjeu de santé publique, le syndicat regrette que l’ANSM introduise une « discrimination infondée entre médecins (généralistes, d’une part, et gynécologues-obstétriciens, d’autre part) [qui] ne résoudrait rien au problème »
L’UNOF-CSMF ne dit pas autre chose dans un communiqué publié ce vendredi. Le syndicat de généralistes libéraux estime « qu’en voulant réserver la prescription des contraceptifs oraux à certaines spécialités, l’Agence du Médicament indique que les médecins généralistes sont les seuls responsables des prescriptions aujourd’hui dénoncées et considère comme acquis le fait que les médecins généralistes sont incapables de suivre les recommandations de bonne pratique […]. »
« Avec cette affaire des pilules de 3e génération, l’ANSM avait une première grande occasion de justifier sa "valeur ajoutée", écrit le SNJMG. Cette occasion est déjà en grande partie gâchée. » L’Agence aura l’occasion de répondre à ses détracteurs dans les prochaines semaines. Un séminaire est programmé le 14 février au cours duquel sera évoqué le dossier des pilules de troisième génération.
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