Frappées de plein fouet par le manque de médecins, notamment généralistes, les municipalités sortent des sentiers battus pour améliorer l'offre de soins. Dans ce contexte, l'initiative unique en son genre de la ville de Pontarlier – la mise en place d'un cabinet éphémère pour pallier la pénurie – avait de quoi séduire les trois délégués à l'accès aux soins nommés par Agnès Buzyn pour prendre le pouls du terrain et relayer les bonnes pratiques (un rapport est attendu en décembre 2018).
Pour leur premier déplacement, ces trois délégués – le Dr Sophie Augros, médecin généraliste, Élisabeth Doineau, sénatrice de la Mayenne et le Dr Thomas Mesnier, médecin urgentiste et député de Charente – ont donc visité ce cabinet éphémère ouvert le 5 octobre 2017, où des généralistes volontaires se relaient pour assurer des consultations en alternance (9H/19H), un jour par semaine, aux tarifs de secteur I.
Avec 2 000 consultations, la mayonnaise prend mais…
En un peu plus de trois mois, ce cabinet « laboratoire » a rencontré un vrai succès avec près de 2 000 consultations, soit une moyenne de plus de trente patients par jour. Cette solution se veut néanmoins transitoire, en attendant l’ouverture de la maison médicale prévue pour 2019 à Pontarlier, qui doit attirer 40 professionnels de santé. « La ville attend trois nouvelles installations », précise le Dr Sophie Augros, ex-présidente du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReaGJIR).
Plusieurs ingrédients ont été réunis pour la réussite du dispositif. « Tous les acteurs – médecins, agence régionale de santé, URPS, élus et Ordre se sont mis autour de la table et s'écoutent pour trouver la solution adaptée à une situation d'urgence, résume Sophie Augros. Même les médecins qui ne sont pas volontaires ont été associés au projet. Ceux-là ont reconnu que ce cabinet a permis de soulager la surcharge de travail », explique le médecin installée à Aime-la-Plagne (Savoie).
Des lourdeurs administratives
La rencontre avec les cinq praticiens volontaires – trois médecins en activité et deux jeunes retraités – exerçant dans ce cabinet éphémère a toutefois permis aux trois délégués d'identifier quelques freins d'ordre administratif, organisationnel ou fiscal.
« Les médecins en exercice évoquent la nécessité d'avoir une double carte de professionnel de santé (CPS) mais aussi un paiement à taux réduit de la cotisation foncière des entreprises (CFE) », a constaté le Dr Augros.
Autre point de blocage : le plafond de revenu annuel de 40 000 euros pour le cumul emploi retraite (plafond en deçà duquel les médecins libéraux peuvent être dispensés de cotiser au régime de prestation complémentaire vieillesse dans les zones sous-denses) se révèle insuffisant – avec deux jours de vacation et une activité de 35 consultations par jour. Les médecins retraités hésitants peuvent également être dissuadés de reprendre une activité libérale en raison de l’obligation de cotiser à la CARMF à fonds perdus (cotisation non génératrice de points)...
Le cabinet éphémère est-il exportable ? Pour Sophie Augros, le modèle ne peut pas être dupliqué tel quel partout mais plutôt ponctuellement, dans les zones fragiles, à l'issue d'une concertation locale avec tous les partenaires.
Ce pemier bilan sera évoqué lors d'un prochain comité de pilotage, en présence de la ministre de la Santé, le 6 février.
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