La ministre de la Santé Marisol Touraine annonce ce 14 septembre un renforcement des moyens pour assurer le suivi médico-psychologique des victimes de l'attentat de Nice, au-delà de l'urgence.
Selon le ministère, le dispositif d'urgence médico-psychologique a reçu 3 505 personnes. Si la réponse urgente a d'abord été assurée par les équipes locales et les cellules d'urgences médico-psychologique, près de 70 réservistes sanitaires ont été ensuite déployés depuis le 22 juillet, soit 538 jours de mobilisation pour un coût de 270 000 euros, selon nos informations. « La ministre a décidé de faire évoluer ce dispositif afin de garantir un suivi adapté et durable des personnes traumatisées », lit-on dans un communiqué.
Six professionnels et 10 séances de psy remboursées à 50 euros
Concrètement, 6 professionnels sont mobilisés pour un mois supplémentaire, pour un coût supplémentaire de 80 000 euros. Ils sont déjà présents sur le site du Centre hospitalier universitaire Pasteur (un psychiatre, psychologue et un secrétaire) et au centre hospitalier Lenval (un pédopsychiatre, un psychologue et un secrétaire). La prise en charge des personnes traumatisées dans ces structures est totalement gratuite, rappelle le ministère. Au lendemain de l'attentat de la promenade des Anglais, la gratuité totale des soins pour les victimes inscrites sur la liste établie par le parquet et les blessés pris en charge lors de l'attentat, y compris les dépassements, avait été promise par Ségur.
Marisol Touraine annonce en plus la mise en place de forfaits de 10 séances auprès d'un psychologue, remboursées chacune à hauteur de 50 euros, sur la base d'une prescription délivrée par les structures médico-psychologiques, pour toutes les personnes témoins ou impliquées, inscrites ou non sur la liste du parquet.
Cri d'alarme de la chef du service de pédopsychiatrie de Lenval
Cette annonce intervient quelques jours l'appel à la mise en place de moyens supplémentaire de la Pr Florence Askenazy, chef du service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent au CHU Lenval de Nice. « Nous entrons dans la deuxième phase, celle du suivi des patients où la continuité des soins est essentielle. (...) La mobilisation a été énorme, mais les équipes sont aujourd'hui épuisées. Nice n'est pas Paris. Nous sommes dimensionnés pour gérer le quotidien d'une ville de cette taille, pas la situation exceptionnelle que nous vivons », déclare-t-elle dans le Monde.
Elle dépeint une génération traumatisée : « Depuis deux mois, nos équipes ont vu plus de 900 personnes. (...) Des consultations assez longues qui laissent place au récit de ce qui s'est passé (...). Des jeunes vulnérables s'effondrent, d'autres qui suivaient leur petit bonhomme de chemin se trouvent brutalement confrontés à une situation où leur psychisme est sollicité très durement. On constate une éclosion de symptômes paranoïdes ou délirants, des images mentales persistantes, des bruits ou des odeurs qui déclenchent des rappels traumatiques. Autant d'éléments qui forment le lit de développements pathologiques majeurs », témoigne le Pr Askenazy.
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