Les groupements hospitaliers de territoire (GHT), qui se mettent progressivement en place depuis le 1er juillet 2016, doivent permettre aux établissements de mettre en œuvre une stratégie de prise en charge du patient « commune et graduée », afin d’assurer « une égalité d’accès à des soins sécurisés et de qualité ».
« L'objectif de cette réforme est de mettre en place un projet médical partagé sur un territoire donné », a expliqué Jacqueline Hubert, directrice générale du CHU de Grenoble, lors d'un débat aux universités d'été de l'Agence nationale de la performance en santé. « Les GHT doivent servir à améliorer la prise en charge des patients. Aujourd'hui il y a des usagers qui savent s'orienter dans le parcours de soins et d'autres qui ne savent pas, note la directrice, qui a été chargée de la mission GHT auprès de la ministre de la Santé. À l'avenir, il y aura un parcours balisé pour les patients dès les urgences. »
Au sein de chaque GHT, un établissement pivot a été désigné, souvent le plus important du territoire. Certains acteurs craignent que cet hôpital de référence ne devienne « autoritaire » et que la liberté de choix du patient ne soit réduite, ce que réfute Jacqueline Hubert. « Pour 95 % des hôpitaux, cela ne pose pas de problème de désigner un établissement-support. Quant au patient, pensez-vous qu'il souhaite être d'emblée soigné par le bon plateau technique, ou dans son établissement de proximité, même s'il ne dispose pas des bons plateaux techniques ? »
La directrice du CHU de Grenoble souligne que « la rivalité était plus grande entre établissements publics qu'entre public et privé » avant la mise en place des GHT. Selon elle, il est important que le maillage de tous les territoires s'effectue autour de « praticiens de qualité ». « Pour cela, il vaut mieux que des équipes compétentes se déplacent dans plusieurs établissements, plutôt que de recourir à l'intérim médical, comme c'est le cas actuellement ». Les élus ne se sont pas opposés à la réforme, affirme-t-elle, même si celle-ci va provoquer des « restructurations ».
Dix ans de retard
Le président du groupe Noalys, Jean-Loup Durousset, estime pour sa part que « l'hospitalisation publique a dix ans de retard par rapport à cette réforme, qui a déjà été faite dans le privé ». L'ancien président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) met cependant en garde sur la taille des structures. « Il ne faut pas construire trop gros, pour ne pas se retrouver avec des lits vides », prévient-il.
La plus grande crainte des cliniques est que les GHT deviennent la « préoccupation principale » des agences régionales de santé (ARS) et que « l'argent et les autorisations ne soient monopolisés par ces structures ». Le patron de Noalys est très critique sur cette refonte de la carte hospitalière. II estime que les GHT n'ont pas permis d'amorcer une véritable animation de territoire, et de renforcer le dialogue entre les différents acteurs : public-privé, médecins libéraux, pharmaciens, et infirmiers.
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