L'information est tombée juste avant 15 heures. C'est Édouard Philippe (LR), 46 ans, maire du Havre et proche d'Alain Juppé, qui a été nommé Premier ministre.
Peu connu du grand public, Édouard Philippe est né à Rouen en 1970, et a suivi un cursus classique : Sciences Po puis l'ENA, promotion Marc Bloch, dont il est sorti diplômé en 1997. Dans ses jeunes années, il a milité au Parti socialiste et surtout pour Michel Rocard – avant de déchirer sa carte du PS lorsque ce dernier quitte la tête du parti.
C'est dix ans plus tard, en 2001, après 5 années passées au Conseil d'État, qu'Édouard Philippe rencontre Antoine Rufenacht (RPR), alors maire du Havre, qui lui propose dans la foulée de figurer sur sa liste aux élections municipales. Élu, il rencontre l'année suivante Alain Juppé avec qui il fera un bon bout de chemin politique.
Le nouveau Premier ministre est aussi passé par le privé. De 2004 à 2007, il travaille pour un grand cabinet d'avocats américain, puis pour l'entreprise française Areva. C'est en 2010 qu'il prend la succession d'Antoine Rufenacht à la mairie du Havre. Depuis 2012, il est également député de Seine-Maritime (UMP, puis LR).
Le souci de l'accès aux soins
La nomination de ce normand est saluée par les médecins de sa région. Président (FMF) de l'URPS « médecins libéraux » de Normandie, le Dr Antoine Leveneur l'a rencontré à deux reprises depuis l'automne 2016. « C'était pour évoquer ensemble les problématiques de démographie médicale et d'accès aux soins », se souvient le généraliste.
Un troisième rendez-vous avait été fixé entre les deux hommes pour l'automne 2017. Le Dr Leveneur évoque un homme qui connaît ses dossiers, « attentif à la vie de ses concitoyens ». Il assure qu'Édouard Philippe n'ignorait rien de la politique de l'Union régionale en matière de pôles de santé. « Il partageait notre vision sur ce dossier », assure-t-il, évoquant « un maire déterminé et doté d'un vrai sens de l'intérêt général ».
Efficace et discret
Autre réaction positive, le Dr Laurent Verzaux, radiologue libéral au Havre, évoque un Premier ministre « jeune et dynamique », qui a su achever la transformation de la ville initiée par Antoine Rufenacht. Mieux, il juge Édouard Philippe « efficace et discret, vraiment sensible aux problématiques de la profession ». Le praticien évoque une anecdote. L'Association havraise de formation médicale continue (AHFMC) dont il est membre, organise depuis des années un week-end annuel de formation dans la ville. « Depuis qu'Édouard Philippe est maire, se remémore le Dr Verzaux, la municipalité prête tous les ans à notre association les grands salons de l'Hôtel de ville pour que cette manifestation puisse s'y tenir. »
« Édouard Philippe est quelqu’un de brillant », s'enthousiasme de son côté le Dr Patrick Czerwinski, généraliste et président du syndicat des médecins de Seine-Maritime (CSMF). Lui aussi a rencontré le maire du Havre voilà quelques mois pour parler de la démographie médicale locale. « Même si d’autres sujets l'accaparaient davantage au quotidien, se rappelle-t-il, en tant que maire, il était très attentif aux questions de santé. »
Mieux vaut ne pas lui faire de « crasses »
L'hôpital n'est pas en reste. « Loyal, équilibré, mais qui n’aime pas qu’on lui fasse des crasses », c’est ainsi que le Dr Alain Fuseau, président de la commission médicale d’établissement (CME) du groupe hospitalier du Havre, décrit Édouard Philippe. Ce dernier a été président du conseil de surveillance de l’établissement dès le début de son mandat de maire, en 2010. Également chef de service de la psychiatrie pour adolescents de l’hôpital, le praticien dresse un portrait positif du nouveau Premier ministre, à l'écoute.
« Il n’a pas la prétention de connaître la médecine et n’hésite pas à demander lorsqu’il ne sait pas », commente le Dr Fuseau, qui a l’habitude de le rencontrer une fois par mois pour parler santé et politique hospitalière.
Deux événements montrent, selon lui, l’implication d'Édouard Philippe : en 2007, il s’est battu pour que l’hôpital puisse reprendre l’exploitation d’un parking situé à ses portes ; et en 2013, il a fait le lien entre les équipes de l’hôpital et le conseiller santé de François Hollande, le Pr Olivier Lyon-Caen.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes