Le terrain a perdu de sa fermeté, à peu près dans tous les partis. Même là où les choses semblaient gravées dans le marbre, c'est-à-dire au Front national, le sol pourrait se dérober sous les pieds de Marine Le Pen, qui n'a plus, depuis quelques jours, la certitude absolue de figurer au second tour. La raison de son recul de quelques points (dans les sondages, veuillez m'excuser), c'est la candidature d'Emmanuel Macron, qui pourrait bousculer Mme Le Pen au premier tour.
En réalité, la diversité de l'offre politique explique les mouvements sismiques de faible intensité que l'on croit détecter. Un exemple : la voix de Benoît Hamon porte plus loin que celle d'Arnaud Montebourg, considéré jusqu'à présent comme un sérieux rival pour Manuel Valls. La campagne de l'ancien Premier ministre n'est pas excellente : au lieu de s'en tenir à ses qualités habituelles d'autorité et de fermeté, il cherche désespérément à rassembler, ce qui le conduit à se désavouer lui-même. L'actuel Premier ministre, Bernard Cazeneuve, conscient du recul de M. Valls, lui vient en aide indirectement et à demi-mot après voir juré qu'il ne soutiendrait personne. Tout à coup, si l'on s'en tient au cadre strict de la primaire socialiste, l'impression générale est que tous les candidats se situent au même niveau, à quelques jours à peine du scrutin. Ce qui laisse penser que les deux premiers, le gagnant et le placé, ne se distingueront pas par la puissance de leur score. Le second tour sera donc très incertain.
Fichu slogan
La « belle alliance populaire » (fichu slogan trois fois faux en trois mots) risque donc de produire un candidat insuffisamment fort pour tenir tête, et a fortiori, pour vaincre ceux qui font cavalier seul, Jean-Luc Mélenchon et, surtout, Emmanuel Macron, dont on aurait tort de sous-estimer la popularité. La présence de M. Mélenchon affaiblira nécessairement un Hamon ou un Montebourg. Celle de M. Macron présente un extraordinaire avantage : il n'est pas du tout impossible qu'il arrive second au premier tour et déloge Marine Le Pen. Ce serait un séisme, un fait d'armes, un exploit qui, à lui seul, mériterait d'être vécu en tant que tel, car il anéantirait littéralement tous les espoirs nourris cette année par l'extrême droite. Laquelle, comme le rappelle Marine Le Pen, réclame « 300 sièges de députés et 200 sièges de sénateurs », mais qui, au terme d'une défaite aussi humiliante, serait découragée pour une longue période susceptible d'aller au-delà de 2022. Je ne sais pas si M. Macron doit être élu président, mais s'il parvient à déboulonner Mme Le Pen, les démocrates français lui en seront éternellement reconnaissants.
En même temps, si M. Macron surgit du premier tour bardé d'une armure indestructible, François Fillon parviendra-t-il à le battre ? L'ancien Premier ministre, on le sait, souffre d'avoir mûri un projet minutieusement élaboré qui n'a pas tout à fait tenu la route quand ses électeurs l'ont lu plus attentivement. C'est le problème de la présidentielle, cette année. Aucun candidat de la gauche ne fait vraiment battre les cœurs ; et le candidat de la droite, qui filait plus vite que le vent, a perdu de son élan. Il y a encore un ou deux candidats capables de changer le destin du pays en accomplissant eux-mêmes (mais c'est plus vrai pour Macron que pour Mélenchon) un fait historique. Dans ce cas, méfiez-vous avant de voter : M. Macron, par exemple, est jeune, relativement neuf, jamais élu à ce jour. Ne faut-il pas, pour redresser la France, un homme de 40 ans ? Oui, mais s'il s'y entend en matière d'économie et de finances, que sait-il de la sécurité, de la défense, des relations diplomatiques, des enjeux mondiaux ? Rien n'est simple.
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