En décembre, l'optimisme n'était pas au rendez-vous pour le dernier bilan de l'hospitalisation à domicile (HAD). Six mois plus tard, le Dr Élisabeth Hubert, présidente de la Fédération nationale des établissements d'HAD (FNEHAD) peut retrouver le sourire. Sans toutefois crever le plafond, les chiffres sont encourageants. Le compteur affiche en 2016 une croissance de 5,4 % sur le nombre total de journées d'HAD (4,8 millions). En 2017, « le cap des cinq millions de journées d'hospitalisation a été franchi et la barre du milliard d'euros de coût global à la caisse d'assurance maladie également », a annoncé, optimiste, le Dr Hubert. Autre chiffre prometteur, la proportion d'interventions en EHPAD (7 %) a grimpé d'un point par rapport à l'année 2016. Une progression qui va dans le sens des injonctions du gouvernement, « mais qui n'est bien évidemment toujours pas à la taille des enjeux », a prévenu l'ancienne ministre de la santé.
Pour dynamiser les prescriptions, la FNEHAD a plusieurs idées dans sa besace. Une application récemment élaborée par la Haute autorité de santé (HAS) est à disposition des médecins pour leur permettre d'évaluer « en deux clics » l'éligibilité d'un patient, rappelle le Dr Hubert. Pour ceux qui ignorent complètement cette forme de prise en charge, la fédération mise également sur son observatoire de l'hospitalisation à domicile et sur l'outil Orfee HAD, qui permet à un établissement de visualiser l'activité d'un territoire en matière d'HAD. Enfin, le Dr Hubert envisage, sans toutefois entrer dans les détails, d'intégrer ce type de prise en charge dans les critères de rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) des médecins traitants et de faire des établissements d'HAD des lieux de stage potentiels pour les carabins.
Parcours patient et revalorisation tarifaire
Dans son intervention, la présidente de la FNEHAD a regretté la lenteur des pouvoirs publics dans leur prise de décision en faveur du développement du secteur, tout en saluant leur « écoute à l'égard de certaines de nos demandes ». La coopération entre les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) et l'HAD est particulièrement visée. L'arrêté fixant les règles de la collaboration promis par le ministère n'a toujours pas été signé. « Sans cet arrêté on ne pourra pas faire coopérer les services des SSIAD et de l'HAD », regrette le Dr Hubert qui espère pouvoir fluidifier le parcours du patient, « dans un sens comme dans l'autre », sans donner l'impression de remplacer les SSIAD.
Sur le plan de la tarification, la FNEHAD attend également beaucoup plus de la part des pouvoirs publics. L'augmentation du tarif de la transfusion sanguine pour l'année 2018 (+0,7 %) est insuffisante pour le Dr Hubert. « Il n'est pas admissible que le seul prix du culot sanguin soit plus cher pour les établissements que ce que rapporte une journée d'intervention ». Dans ce sens, la FNEHAD et plusieurs sociétés savantes ont émis au début du mois 18 recommandations pour développer l'activité transfusionnelle en HAD.
Plus largement en matière de tarification, l'HAD ne veut pas être oubliée au profit de l'hospitalisation de court séjour. Pour cela, le Dr Hubert appelle de ses vœux la mise en place d'une grille tarifaire plus fine qui prenne en compte davantages de caractéristiques du patient (âge, dépendance et environnement de vie par exemple).
Mais plus que tout, les professionnels de l'HAD veulent se voir rémunérer pour leur activité d'évaluation avant toute admission du patient. « Beaucoup d'évaluations ne donnent pas lieu à une HAD et cette part de l'activité est non-payée », a précisé le Dr Hubert.
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