L'INSERM réaffirme sa position sur CRISPR-Cas9

Encourager la recherche y compris chez l'embryon

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Publié le 04/07/2016
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CRISPR-Cas9

CRISPR-Cas9
Crédit photo : PHANIE

Le 13 juin dernier, le Comité d'éthique de l'INSERM a rassemblé plus d'une centaine de personnes à l'occasion de sa journée annuelle. Parmi les problématiques posées par la recherche biomédicale, un éclairage éthique particulier a été apporté à la technologie CRSIPR-Cas9.

Alors que les National Institutes of Health (NIH) viennent d'obtenir un premier feu vert pour un essai d'immunothérapie anticancéreuse, le Comité d'éthique a réaffirmé les axes proposés en février 2016 suite à la saisine par le Pr Yves Lévy, PDG de l'INSERM.

Cette technique d'édition de génome, qualifiée de révolutionnaire et simple d'utilisation, est à l'origine de controverses dans la communauté scientifique. L'application potentielle aux gamètes et à l'embryon soulève de nombreuses questions de sécurité (mutations « off target ») et d'éthique. Un sommet international s'est tenu à Washington fin décembre 2015 sans que l'idée d'un moratoire soit retenue. L'édition de génome est devenue un sujet de société un peu partout, y compris en France.

L'Homme, les animaux et l'environnement

Le seul texte contraignant est la convention sur les droits de l'homme et de la biomédecine établie en 1997, dite convention d'Oviedo. L'article 13 indique deux principes clefs pour les cellules germinales : toute modification doit profiter à la santé humaine (prévention, diagnostic, thérapeutique) et l'intervention ne doit pas introduire de modification dans le génome de la descendance. Si la France a ratifié le texte, comme 28 autres pays, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Chine ne l'ont pas fait. Certains pays de l'Est affichent une position très ambiguë sur la question.

Pour le Comité d'éthique, il apparaît important de distinguer « trois domaines aux enjeux différents » : l'application à l'homme qui soulève la question des modifications de la lignée germinale ; l'application à l'animal, en particulier aux « espèces nuisibles », qui soulève la question d'un éventuel transfert latéral de gènes et l'émergence de dommages irréversibles à la biodiversité ; des risques d'atteinte à l'environnement.

Entretenir le dialogue entre pays sur la liberté de la recherche

Le Comité a émis 5 types de recommandations : encourager une recherche pour évaluer l'efficacité et l'innocuité de la technique CRIPSR, y compris sur des cellules germinales et de l'embryon ; les effets indésirables du guidage de gènes doivent être évalués dans des laboratoires respectant les règles de confinement, suffisamment longtemps et avec des mesures de réversibilité ; respecter l'interdiction de toute modification du génome nucléaire germinal à visée reproductive dans l'espèce humaine ; participer à toute initiative nationale ou internationale sur la question de la liberté de la recherche et d'éthique médicale, en particulier dans les pays émergents ; attirer l'attention sur la question philosophique de la plasticité du vivant. 

 

 

 

Dr Irène Drogou

Source : Le Quotidien du médecin: 9510