Qu'on le veuille ou non, les médecins sont désormais les garants de la cohésion nationale. En entendant Emmanuel Macron mobiliser et remercier les soignants la semaine passée, c’est un peu ce qui venait à l’esprit. L’heure est grave et le moment solennel. De mémoire de citoyen, on n’avait jamais vu un président de la République faire une allocution spéciale pour cause de crise sanitaire. Ni l’arrivée redoutée du H1N1 il y a dix ans, ni l’irruption dramatique du sida il y a 40 ans n’ont justifié un tel traitement de la part de ses prédécesseurs.
Alors, pourquoi cette implication personnelle du chef de l’État depuis le début sur ce dossier ? D’abord, en raison de la très forte contagiosité du Covid-19, accrue par un fort taux de contaminés asymptomatiques qui donne la très désagréable impression de se battre contre un ennemi invisible. Ensuite, à cause de l’incertitude d’évolution d’un virus a priori plutôt instable, mais que l’on connaît encore mal, et dont on n’a pas encore saisi toutes les caractéristiques, ni toutes les conséquences. Enfin, parce qu’on ne dispose encore d’aucune réponse vaccinale ou thérapeutique, même si chercheurs et industriels travaillent d’arrache-pied.
Le risque est individuel, il menace les personnes fragiles et âgées en particulier. Mais il est surtout collectif, mettant sous pression un système de santé, sur lequel l’épidémie aura valeur de crash test. Les soignants n’avaient pas besoin de ça actuellement… Les semaines qui viennent vont mettre à l’épreuve usagers et professionnels, en ville comme à l’hôpital. Avec une incertitude économique majeure et une dimension internationale qui vont compliquer la donne. Cela méritait bien que le président se mouille dans cette affaire.
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