16 000 lits de médecine et de chirurgie supprimés pour 570 millions d'euros d'économies : tel serait selon le « Figaro » l'un des objectifs du plan d'économies de trois milliards d'euros imposé par le gouvernement à l'hôpital entre 2015 et 2017.
Le quotidien national fonde son analyse sur un document interne (« kit de déploiement ») qui ferait état « d'adaptations capacitaires » ciblant 570 services hospitaliers. « Ce qui revient à exiger la fermeture de 15 960 lits sur le territoire », soit la suppression « d'un lit sur dix en chirurgie et en médecine dans les établissements », affirme « le Figaro ».
Le journal va plus loin en publiant ce mercredi une carte de France très précise du nombre de fermetures de lits par région jusqu'en 2017. Sur trois ans, le plus gros contingent serait fourni par l'Ile-de-France (3 108 lits supprimés, 12 % du parc francilien) et Rhône-Alpes (1 484 lits, 10 %).
En pourcentage, les hôpitaux d'Alsace (728 lits, 14 %), de Lorraine (896 lits, 13 %) et de Franche-Comté (420 lits, 13 %) seraient les plus touchés par cette vaste restructuration du parc hospitalier en métropole. Ce serait encore pire en Guyane (84 lits, 18 %), en Guadeloupe (140 lits, 16 %) et en Martinique (168 lits, 16 %).
Sur les trois milliards d'euros économisés sur trois ans, 910 millions d'euros proviendraient directement de la masse salariale, calcule le quotidien, citant la DGOS (direction du ministère).
Démenti ferme de Ségur
Y a-t-il, oui ou non, une saignée en préparation sur les lits et les effectifs ? Le ministère de la Santé a en tout cas « dément[i] fermement » le contenu de l'article du « Figaro ».
« Il n'existe pas de plan de fermeture de lits, pas plus qu'il n'existe de plan de fermeture des sites d'urgences, jure Ségur ce mercredi. Il n'est pas pertinent de réaliser une cartographie avec des chiffres issus de documents de travail de l'administration datés et qui n'ont par ailleurs jamais été pris en compte dans le plan d'économies du gouvernement. »
En outre, ajoute le ministère, « contrairement à ce que prétend ce journal, il n'y a pas eu (et il n'y aura pas) de baisse d'effectifs. Au contraire, Depuis 2012, près de 30 000 soignants et non soignants en plus ont été recrutés à l’hôpital. »
Saisissant opportunément la balle au bond dans cette guerre des chiffres, la Fédération hospitalière de France (FHF) a « pris acte » de l'absence de plan de fermeture de lits, y voyant une « évolution très significative par rapport au plan triennal de maîtrise des dépenses de santé et à ses objectifs ».
Mieux, « la FHF attend aujourd’hui des pouvoirs publics qu’ils donnent des consignes fermes aux ARS afin que prennent fin les injonctions actuellement adressées aux établissements pour qu’ils procèdent à des fermetures de lits d’ici 2017 », a insisté l'organisation. Une façon d'accréditer la thèse d'un double discours ministériel entre les déclarations officielles apaisantes (sur les lits et les effectifs) et les consignes internes de restructuration...
Fermeture des #lits à l'#hôpital: appel à nos adhérents à nous faire remonter toutes les injonctions des ARS ! pic.twitter.com/Uz6i9f8rvD
— FHF (@laFHF) March 30, 2016
Inquiétude des députés au sujet des GHT
Interrogée par les députés, mardi, sur la réforme de la carte hospitalière (à la faveur de la création des groupements hospitaliers de territoire), la ministre de la Santé avait assuré qu'aucune restructuration à la hussarde n'était dans les tuyaux. « Il ne s'agit pas de réorganiser en force l'offre hospitalière dans notre pays […]. Il pourra continuer demain comme hier à avoir des hôpitaux locaux et des hôpitaux de proximité […] », a-t-elle insisté.
En mars 2015 déjà, le magazine « Challenges » avait jeté un pavé dans la mare en annonçant que le gouvernement tablait sur une maîtrise de la masse salariale de l’ordre de 860 millions d'euros à l'hôpital, soit l’équivalent de 22 000 postes dans la fonction publique hospitalière.
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