Le remboursement du coût des arrêts maladie, aujourd'hui dévolu à la Sécu, sera-t-il transféré aux entreprises ? La réponse est non, selon Édouard Philippe au « Journal du dimanche ». Dans un long entretien sur les principales mesures budgétaires attendues pour 2019, le Premier ministre a rendu son arbitrage sur cette polémique naissante : « J'écarte l'hypothèse d'une mesure brutale de transfert vers les entreprises, c'est clair [...]. Mais je le répète, il faut trouver une solution pour contenir ces dépenses. » Le locataire de Matignon appelle tous les acteurs du système à se mettre autour de la table pour trouver des solutions pour contenir « l'enjeu des arrêts maladie », qui est selon lui « considérable ».
Pour enrayer la hausse des dépenses des arrêts maladie, le gouvernement aurait prévu, selon les « Échos », de confier la prise en charge de quatre jours d'indemnisation des arrêts maladie aux entreprises (au-delà du délai de carence des trois premiers jours). Ce projet de transfert a soulevé un tollé du MEDEF, de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) et de l'Union des entreprises de proximité (U2P), représentant notamment les professions libérales. Dans une lettre envoyée à Matignon, les patrons ont estimé que cette mesure représenterait une charge supplémentaire de 900 millions d'euros pour les entreprises.
Diagnostic approfondi
La décision d'Édouard Philippe tombe à point nommé. La veille de l'ouverture de la 20e université d'été du MEDEF, qui se tient ce mardi et mercredi à Jouy-en-Josas (Yvelines), Geoffroy Roux de Bézieux se « réjouit de la position du Premier ministre sur les IJ ».
Le nouveau président du MEDEF rappelle que son organisation fera de cette problématique l'un des sujets majeurs (avec l'assurance-chômage et la santé au travail) de sa rencontre avec Édouard Philippe, prévue ce jeudi après la venue du premier ministre à l'université d'été, ce mardi.
« Il y a un problème de fond. Les coûts liés aux arrêts du travail augmentent plus vite que l'ONDAM [objectif national des dépenses de l'assurance-maladie, NDLR]. Il faut faire un diagnostic plus approfondi pour voir s'il n'y a pas un problème structurel », a-t-il déclaré ce lundi devant la presse.
Le MEDEF se dit prêt à travailler sur ce chantier avec le gouvernement pour tenter d'expliquer la hausse des dépenses d'indemnités journalières. « Le taux d'emploi des seniors a augmenté en France. Je n'ai pas de statistiques pour savoir si ce taux influe sur les arrêts de travail », a-t-il ajouté.
Le patron du MEDEF fait référence à un rapport de 2017 de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). Selon ce dernier, l'explosion des dépenses totales d'indemnités journalières ces dernières années (+19 % sur la période 2010-2017) pour atteindre 10,3 milliards d'euros en 2017 est surtout la conséquence « de la réforme des retraites de 2010 et du recul progressif de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans ».
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