À 25 ans, Benjamin Birene découvre sa première campagne politique en tant que candidat. Le jeune homme, interne en gynécologie-obstétrique, se présente sous l’étiquette Europe Écologie Les Verts (EELV) dans la 2e circonscription de l’Aube. Actuellement en stage de second semestre à Charleville-Mézières, il raconte au « Quotidien » comment il vit cette campagne et les raisons qui l'ont poussé à s’engager.
LE QUOTIDIEN : Comment arrivez-vous à mener de front la campagne et vos obligations d’interne en médecine ?
BENJAMIN BIRENE : Je profite de mes repos de garde pour me déplacer ! Mais c’est sûr que ce n’est pas simple de faire campagne en étant interne. Je travaille beaucoup en équipe avec ma suppléante, Mélanie Braillon, qui prend le relais lorsque je ne suis pas disponible.
En tant que futur médecin, comment êtes-vous perçu par les électeurs ?
C’est ma première campagne ! Je n’ai pas beaucoup de recul sur le sujet. Mais d’une manière générale, je ressens beaucoup de défiance à l’égard de tous les candidats et des politiques en général. J’insiste beaucoup sur le fait que je ne suis pas un professionnel de la politique, qu’il ne s’agit pas pour moi de faire carrière dans ce domaine. C’est d’ailleurs une particularité des candidats d’Europe Écologie les Verts, dont une grande partie sont issus de la société civile. Comme moi, ce sont des gens qui ne sont pas coupés de la réalité de la vie quotidienne.
Le contact avec la population n’est-il pas plus facile pour un médecin ?
Il y a des sujets sur lesquels je suis interpellé en tant que futur médecin et qui permettent d’établir un dialogue. Par exemple, les délais d’attente, les déserts médicaux sont des questions qui reviennent régulièrement. On me demande souvent pourquoi on ne force pas les jeunes à s’installer là où on manque de médecin !
Que répondez-vous ?
Qu’il y a des mesures à prendre pour encourager et faciliter l’installation des jeunes médecins. Leur permettre de travailler en groupe, par exemple, que ce soit au sein de maisons de santé ou d’autres structures. Recourir davantage aux nouvelles technologies, qui sont très peu développées en France. Thomas Pesquet fait des échographies à distance depuis la station spatiale et nous, on n’y arrive pas pour des patients à deux heures de la ville ! Il faut également renforcer l’accompagnement personnalisé à l’installation. Il y a des mesures qui ont été prises dans ce sens, mais sur le terrain, on constate que les ARS n’ont pas les moyens de bien le faire.
Quelles valeurs défendez-vous en tant que candidat ?
Ce sont celles d’EELV. Le renouvellement démocratique, l’introduction de la proportionnelle, le non cumul des mandats, la transparence sur les lobbies. Faire comprendre que l’écologie n’est pas une punition mais au contraire un investissement sur l’avenir, une source d’économie et de création d’emplois. Et puis l’engagement pour l’Europe auquel je suis vraiment très attaché même si j’ai conscience qu’il faut la réformer en profondeur.
À quand remonte votre engagement politique ?
J’ai commencé à me sentir proche d’EELV lors des élections européennes de 2009. C’est l’année où j’ai passé le bac. Il y a d’ailleurs un point commun entre mon engagement politique et mon souhait de devenir médecin, c’est la volonté d'anticiper et d’avoir une vision sur le long terme pour traiter les problèmes auxquels la société est confrontée, ne pas les subir lorsque c’est trop tard. Je peux vous donner un exemple local. À Troyes, il y a un projet de construire un grand incinérateur de déchets ménagers. C’est une solution de court terme alors qu’il faudrait insister sur la réduction des déchets et sur le recyclage. On ne va pas favoriser ces politiques plus vertueuses en construisant un incinérateur. Au contraire, pour le rentabiliser, il faudra toujours et encore des déchets à brûler ! En médecine, j'attache beaucoup d'importance à la prévention. En gynéco, un bonne part des consultations consistent à faire de la surveillance et à convaincre les patients de son importance.
Si vous êtes élu, comment imaginez-vous la suite ?
Je n’ai pas envie d’arrêter mon internat pour ne pas être déconnecté de la réalité. Mais je ne veux pas non plus être un de ces députés qui ne pointent jamais et qu’on ne voit qu’au moment des prises de parole. Il y a la possibilité de faire une demande de mise en disponibilité. Si je ne trouve pas de solution, il faudra que j’interrompe mon internat. Je n’ai pas prévu de me faire élire pour déserter derrière !
Quelles sont vos chances de devenir député ?
C’est la question qui fâche. Les sondages ne sont pas très favorables, mais on a vu qu'il était possible de partir de très bas et devenir président ! (rires) On verra bien. Moi, j’ai surtout envie d’y aller pour porter les idées auxquelles je crois.
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