C'est un transfert qui passe mal. Le 1er mars, le service de réanimation du petit hôpital de Senlis, dans l'Oise, doit rejoindre Creil, établissement situé à dix kilomètres avec lequel Senlis a fusionné en 2012. Une unité de huit lits de surveillance continue sera maintenue sur place. Cette réorganisation avancée par la direction comme une « remise aux normes » de l'offre de soins, « fruit d’un consensus entre l’équipe de direction et le corps médical », ne convainc absolument pas les six réanimateurs de l'hôpital, qui menacent leur administration d'une démission collective.
Plus que la logique de regroupement en soi, les praticiens se rebiffent surtout contre la suppression d'une ligne de garde engendrée par le départ de la « réa », laissant alors la gestion nocturne des huit lits à un seul anesthésiste. « La direction joue à un jeu dangereux, déplore un praticien mécontent. Avec le départ des réanimateurs, comment l'unique anesthésiste de garde va-t-il pouvoir traiter une hémorragie au bloc et un appel des urgences pour un arrêt cardiaque ? Cela implique de faire un choix entre deux patients, ce que nous refusons. »
Les réanimateurs sont soutenus dans leur démarche par une partie des urgentistes de Senlis, tout aussi inquiets. Aucune lettre formelle de démission n'a été posée sur le bureau de la direction (et auprès du Centre national de gestion) mais les hospitaliers sont formels : si les discussions en cours ne prennent pas un tour nouveau, ils alerteront l'Ordre des médecins, la tutelle régionale et mettront leur menace à exécution.
Poussée de fièvre
Le chantage à la démission médicale de masse est une pratique qui émerge de plus en plus dans les établissements hospitaliers, soumis à une forte pression budgétaire et à la pénurie médicale. En octobre dernier, 13 urgentistes de l'hôpital Henri Duffaut d'Avignon (Vaucluse), remontés contre la dégradation de leurs conditions de travail, ont claqué la porte, ouvrant par ce coup d'éclat celle des négociations. Ils sont depuis revenus sur leur décision. Plus récemment, à la mi-janvier, Dreux (Eure-et-Loir) a connu une poussée de fièvre similaire avec la démission de onze autres urgentistes de l'hôpital de la ville. Eux réclamaient surtout le passage aux 39 heures dans leur service. Sans quoi, leur départ sera effectif le 1er octobre 2017. Prévues avec ou sans leur démission, les discussions sur la réforme du temps de travail ont ouvert début février. Selon la direction de l'hôpital, elles pourraient aboutir début avril.
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