Quatre mois après l'incendie

L'ARS de Guadeloupe dévoile son plan pour le CHU

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Publié le 03/04/2018
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CHU de Pointe-à-Pitre

CHU de Pointe-à-Pitre
Crédit photo : AFP

Environ 4 mois après l'incendie qui a ravagé le CHU de Guadeloupe la nouvelle directrice générale de l'agence régionale de santé (ARS) de Guadeloupe, le médecin militaire Valérie Denux a dévoilé jeudi 29 mars son plan de réorganisation du CHU.

Lancée ce mardi 3 avril, la première étape va consister en un nettoyage de la tour Nord « où l'on retrouve beaucoup de moisissures suite à l'intervention des pompiers », explique au « Quotidien » le Dr Valérie Denux nouvelle directrice générale de l'ARS. Cette première phase durera jusqu'à juin, et sera suivie d'une décontamination en profondeur des zones directement incendiées, dans la tour Sud.

Plusieurs services de la tour Nord seront temporairement déplacés dans d'autres établissements. Un pôle mère-enfant va être créé à la polyclinique de la Guadeloupe, aux Abymes. Les services de médecine C (médecine polyvalente) et l'hospitalisation complète en oncologie seront eux transférés à l'hôpital Palais Royal, le service de pneumologie et de médecine B sera installé à la clinique de Choisy.

Deux scénarios pour la tour Sud

La deuxième phase dépendra d'un avis délivré avant le 15 avril par le Cerema, établissement public dédié à l’appui aux politiques publiques, placé sous la double tutelle du ministère de la transition écologique et solidaire et du ministère de la cohésion des territoires. Si le Cerema estime possible un nettoyage en profondeur du site alors qu'il est occupé, le CHU procédera à un nettoyage par zone. Si non, le CHU sera réorganisé par filière en « entités géographiques cohérentes extérieures au CHU » ce qui implique une délocalisation pendant 7 ans.

Concernant les urgences, « les hospitalisations se déroulent sous des tentes pour l'instant poursuit le Dr Denux, on a dégagé un ancien local pour avoir une unité d'hospitalisation de courte durée en dur ». Un des gros manques de l'hôpital est la fermeture de ses 12 blocs chirurgicaux, situés au-dessus du lieu de l'incendie et en cours de nettoyage et de décontamination. Deux blocs modulaires devraient être opérationnels au cours de cette semaine, et seront réservés à la chirurgie d’urgence.

Pas de risque « grave et imminent »

Le Dr Denux a également précisé qu’au vu des analyses toxicologiques en sa possession et d'une analyse neurologique des cas de malaises survenus depuis l'incendie par le CIC de Rennes, les personnels ne courent pas de risque « grave et imminent ». Elle a également réagi aux critiques du comité de défense du CHU concernant les analyses toxicologiques. « Ils ont émis des réserves parce que l'on a retrouvé des morceaux du contenant, mais cela ne fait qu'ajouter des composés et n'en a pas retiré, explique le Dr Denux. De plus, les toxicologues sont formels : le monoxyde de carbone est trop volatil pour rester dans les locaux plusieurs semaines après l'incendie. »

L'État a déjà versé 45 millions d’euros au CHU depuis l'incendie. De nouveaux investissements seront nécessaires pour les opérations de nettoyage et de décontamination. Concernant la remise aux normes du bâtiment, « c’est une situation compliquée, estime le Dr Denux, les nouveaux bâtiments du CHU doivent être livrés dans 5 ans, mais cela peut glisser jusqu’à 7 ans. Or, nous sommes partis pour 18 mois de nettoyage. Il va donc falloir financer des remises aux normes pour une occupation des lieux qui va durer de 3 à 5 ans seulement. »

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin: 9653