Après l’enthousiasme généré par l’article 144 de la loi du 26 janvier 2016 entérinant le principe d’une prescription médicale d’activités physiques adaptées (APA) aux pathologies des 10 millions de Français atteints d’affections de longue durée, le décret d’application du 31 décembre dernier s’apparente aujourd’hui à un faux départ.
En l’état, « ce texte ne permet pas au sport d’entrer dans le champ de la thérapeutique », considère Jean-Marc Descotes, cofondateur de la CAMI Sport&Cancer. Lors d’une récente conférence organisée à Paris, ce dernier a déploré la « séparation faite entre professionnels de santé et du sport ». Président de l’association francophone en activité physique adaptée (AFAPA), le Pr Alain Varray s’insurge contre un décret qui fait l’impasse sur la définition d’un socle commun de compétences pour les différents acteurs habilités à intervenir. Le médecin traitant est ainsi placé au coeur d’un dispositif aux contours particulièrement flous. « Il y a un énorme travail à mener côté médecin sur les modalités de prescription d’APA, le temps à y accorder en consultation et la manière de s’organiser », souligne Jean-Marc Descotes. « Le décret indique que c’est au médecin traitant d’orienter vers les intervenants dispensant l’APA, mais ce n’est pas la réalité de terrain », note Mathieu Vergnault, secrétaire national de la Société française des professionnels en activité physique adaptée.
Former les médecins
Aux yeux du Dr Patrick Bacquaert (Institut de recherche du bien-être, de la médecine et du sport santé), les praticiens se retrouvent encore une fois livrés à eux-mêmes dans un environnement du sport santé qu’ils maîtrisent plutôt mal. « Il devient urgent de les former en intégrant cette nouvelle science dans la FMC et l’enseignement en facultés », ajoute le Dr Bacquaert qui suggère la création d’une consultation médicale spécifique. « La réussite du dispositif dépend de l’interprofessionnalité », estime Jean-François Dumas, secrétaire général de l’Ordre des kinésithérapeutes qui insiste sur le besoin de mettre en place une commission de suivi pour arriver à « purger » toutes les difficultés qui seront rencontrées sur le terrain. Au final, Jean-Marc Descotes voit surtout en ce décret la « première pierre » d’un vaste ensemble qui reste à construire et financer.
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