Pour sa 12e édition le Festival économique de Trente (Italie) s'est penché le thème des inégalités de santé, une problématique difficile en période de crise compte tenu notamment des enjeux politiques et économiques, comme l’ont souligné les nombreux participants conviés à ce rendez-vous annuel.
Le coup d’envoi des discussions a été donné par Alvin E. Roth, prix Nobel d’économie 2012 pour sa théorie des allocations stables et de la pratique de la conception des marchés. « L’économie et la mathématique peuvent sauver des vies. Nous avons mis au point un algorithme pour créer une chaîne de solidarité autour de la greffe rénale. L’idée était de mettre en relation les donneurs et les demandeurs », a expliqué Alvin E. Roth. Des algorithmes sont utilisés pour optimiser les compatibilités et maximiser les transplantations. Croiser l’offre et la demande permet d'aider aussi les pays pauvres comme les Philippines ou le Mexique par exemple et donc de réduire les inégalités. Toutefois même « dans les pays riches, des milliers de gens ne réussissent pas à se faire greffer car la demande dépasse l’offre. Paradoxal ! » note Alvin E. Roth.
Autre thème d’actualité brûlant : la vaccination. « Tous les vaccins ne sont pas sexy », ont expliqué les organisateurs d’un débat sur l’importance de la logique de marché. Alors que l'Italie, comme beaucoup de pays du Nord doit faire face aux anti-vaccination (voir entretien), le vaccin a valeur de « bouée de sauvetage notamment en Afrique », a affirmé le professeur Michael Kremer. Dans ce domaine, les inégalités persistent. « Les programmes de recherche vaccinale sont lancés lorsque la communauté occidentale s’inquiète et que cette attitude suscite l’intérêt des grands groupes. Dans d’autres cas, les pathologies qui pourraient disparaître grâce à un simple vaccin, ne bénéficient d'aucune recherche par manque de fonds », a déploré Giovanni Putoto, responsable du programme de recherche médicale de l’ONG Africa Cuamm.
Santé des migrants
Le Pr Michael Marmot, spécialisé en épidémiologie, professeur à Harvard et président de l'Association médicale mondiale (World Medical Association), a dénoncé les liens entre les inégalités sociales et la santé. « La pauvreté, le chômage, les coupes dans la santé publique ont des répercussions désastreuses sur les couches sociales les plus défavorisées », a tonné le Pr Marmot, auteur de la recherche « Fair society, Healty lives », une société juste, des vies saines.
La santé des migrants se pose aussi en ces termes. Comment faciliter l’accès aux soins et surtout, garantir une attention identique aux migrants en période de crise ? « On ne peut pas partir du principe que l’accès aux soins pour tous va automatiquement plomber les comptes des sécurités sociales. Pour les migrants comme pour toutes les populations, la prévention est essentielle », a estimé le président de MSF Italie, Loris de Filippi lors d'un débat sur la question. MSF revendique le droit à la santé garanti par la Constitution italienne : la prévention appliquée aux migrants permettrait d’économiser les précieux deniers de la sécurité sociale. « Une bonne politique de prévention permet d’éviter le recours à des soins coûteux dans des structures spécialisées. En général, les migrants pour la plupart relativement jeunes puisqu’ils doivent affronter des conditions de voyage difficiles, arrivent en bonne santé. Ce sont leurs conditions de vie ici qui les affaiblissent », a-t-il affirmé. Un discours difficile à faire passer en cette période de crise.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes