EN DÉBUT d’année, le président du LEEM (syndicat patronal de l’industrie pharmaceutique) livrait une sombre vision des perspectives du secteur du médicament, marqué par une stagnation des ventes.
Pour Christian Lajoux, les taxes et les baisses de prix programmées dans la loi de financement de la Sécurité sociale de 2012 risquaient de fragiliser encore un secteur déjà mis à mal. Le paysage s’est encore assombri : selon une étude du cabinet IMS Health, le médicament (dont le marché français entre en récession) pourrait connaître une baisse de 2 % en valeur dans les trois prochaines années.
Les programmes des principaux candidats, loin de prendre la mesure de cette situation inédite, proposent presque tous de continuer dans la même voie. Tous ou presque sont d’accord sur un point : il faut faire baisser (souvent radicalement) la facture du médicament en France. François Hollande, s’il n’entend pas revenir sur leur mécanisme de remboursement, promet en revanche une action sur les prix et visant à réduire la consommation globale. Le candidat PS annonce aussi une initiative sur le tarif des génériques, afin de les faire converger avec ceux de nos voisins européens.
Le président sortant n’est pas en reste. Nicolas Sarkozy milite pour une économie de 1,5 milliard d’euros sur les volumes de médicaments, et pour une économie de 3 autres milliards sur leurs prix à l’horizon 2016. « Il faut faire pression sur l’industrie pharmaceutique », précise le président candidat. Dans les propositions de l’UMP, on donne quelques détails sur la méthode : « Nous proposons que le comité économique des produits de santé révise de manière plus dynamique les prix des médicaments génériques en partenariat avec les acteurs industriels ».
Mélenchon : un pôle public du médicament.
Du côté de François Bayrou, le refrain n’est guère différent, avec de fortes économies programmées sur ce poste. Le candidat centriste explique que « nous sommes le pays où l’on consomme le plus de médicaments » et qu’ « il y a deux ou trois milliards d’économies à faire sur ce bon usage ». Au Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon veut créer « un pôle public du médicament libéré de la soumission aux marchés et aux laboratoires », qui produirait une partie des médicaments, contrôlerait le système de sécurité des produits, leur mise sur le marché et leur prix. Ce pôle public serait doté de pouvoirs de sanction à l’égard de l’industrie et devrait relancer la recherche sur les médicaments dits « non rentables ».
Marine Le Pen est moins sévère. La candidate frontiste n’exclut pas de rembourser à nouveau des médicaments déremboursés. « Qui a dit que ces médicaments étaient de confort ? », s’interroge la candidate frontiste.
Les programmes ne se contentent pas de revoir à la baisse les prix et volumes des médicaments.
Les procédures d’évaluation et de contrôle restent également dans le viseur de certains discours. François Hollande veut reprendre (durcir?) la loi médicament de Xavier Bertrand sur plusieurs points comme la déclaration des conflits d’intérêts, les essais comparatifs, ou encore les actions de groupe. À l’UMP, on milite pour une nouvelle politique de conditionnement, plus adaptée aux posologies habituelles. François Bayrou propose d’aller plus loin dans la réforme des agences sanitaires et plaide pour la création d’une autorité indépendante chargée de l’alerte, notamment en matière de santé et de sécurité sanitaire.
Le 21 mars, le LEEM exposait ses propositions pour le médicament. « Il dépendra de vous que le dialogue conventionnel et la vision partagée des enjeux industriels demeurent les instruments privilégiés de la politique du médicament », mettait en garde Christian Lajoux. Pas sûr qu’il ait été entendu.
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