UTILISÉ EN FRANCE depuis 2005, le pistolet Taser est accusé par certaines associations de défense des droits de l’homme comme Amesty international d’avoir causé 290 morts. Des procédures judiciaires se poursuivent à son sujet, largement médiatisées. Mais le Dr David Crouzier, dans le dossier que publie la revue du SSA (Service de santé des armées) « Médecine & Armées »*, estime qu’aucun décès n’a pu être à ce jour directement corrélé à son usage. Ce qui ne signifie évidemment pas que l’emploi de cette arme soit anodin pour la santé. Ce pistolet qui électrise sa cible au moyen d’un courant de 15 000 V d’une intensité de 2 mA risque en effet d’entraîner des brûlures par la formation d’arcs électriques, de perturber le rythme cardiaque, de créer même un risque de fibrillation ventriculaire, de provoquer une augmentation de la tension artérielle et d’induire une tétanie des muscles respiratoires. Les traumatismes liés aux chutes secondaires devraient imposer en particulier des restrictions de son emploi, note l’article. Comme le souligne A. Perrin, les effets biologiques et sanitaires que sont susceptibles d’engendrer les ALR ne sont pas totalement élucidés et ils restent difficiles à maîtriser dans de nombreux cas.
Le taser et les autres.
Il en est du Taser, comme des autres armes létales qui entrent dans cette catégorie : systèmes électromagnétiques en bande millimétriques (Active denial systems ADS) dont les rayonnements provoquent une sensation de brûlure intense avec l’échauffement de l’eau cutanée (jusqu’à une distance d’1 km) ; le doute subsiste quant à leurs effets généraux, en particulier à long terme, note le Dr Jean-Claude Debouzy ; systèmes d’armes acoustiques et sonores, avec des grenades étourdissantes, des générateurs acoustiques d’infrasons et d’ultrasons, ou des dispositifs générateurs de tourbillon d’air à très haute vitesse ; les effets physiologiques et les risques encourus par l’usage de ces armes restent hypothétiques, souligne le Dr Sendowski, aussi bien les effets vestibulaires, mécaniques, thermiques et comportementaux ; les applications militaires des champs électromagnétiques, avec les systèmes de guerre électronique, ont, selon le Dr Jean-Claude Debouzy, des effets biologiques impossibles à décrire dans leur ensemble, ils soulèvent des questions spécifiques qui doivent être envisagées selon les applications militaires (boucles de démagnétisation, antennes fouets embarquées, brouilleurs, systèmes de contrôle des foules).
L’OTAN souhaite une base de données internationales.
Il reste donc essentiel, pour Yves Chancerelle, d’évaluer les effets potentiels et les impacts à long terme sur la santé de ces ALR, eu égard à l’utilisation massive qui en est faite depuis quelques années. Conformément aux recommandations édictées par l’OTAN en 2004, réitérées en 2006, les pays utilisateurs sont invités à collecter des informations fiables et suffisamment nombreuses pour créer une base de données internationale. Cet objectif se heurte à des difficultés pratiques, tant pour fixer les seuils d’innocuité, que pour normaliser les conditions d’utilisation, qui sont forcément liées à des variations individuelles (âge, taille, état de santé, prothèses etc.), sans parler des interférences avec d’autres facteurs environnementaux (effets indirects). De surcroît, observe le Dr Anne Perrin, s’il est possible de prouver scientifiquement un effet, il est impossible de prouver un non-effet, sauf à considérer des cas particuliers et les conclusions d’études valables dans la limite des conditions expérimentales. Le même auteur rappelle que des tests de validation ont été effectués aux États-Unis sur des volontaires recrutés exclusivement dans l’armée, donc des hommes en bonne santé. Mais un tel échantillon ne correspond pas à la population générale et il n’est pas possible de construire un protocole de recherche sur une cohorte qui soit représentative. De manière générale, s’il s’agit de tester les conditions d’utilisation des ALR, habituelles ou extrêmes, une question éthique fondamentale interpelle le chercheur, biologiste ou médecin : ses travaux vont-ils servir à établir les critères d’utilisation de l’arme, ce qui ne correspond pas à sa mission. S’agit-il de recherche et développement en techniques d’armement, ou de recherche biomédicale ? La limite est ténue et le débat ouvert.
*« Médecine & Armées », Tome 37, N° 2, avril 2009, p. 171-191.
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