Alors que 2,5 millions de vies sont sauvées chaque année grâce aux vaccins, de nouvelles menaces émergentes ne bénéficient pas encore de solutions vaccinales, comme les virus Ebola ou Zika.
Pour le Pr Daniel Floret, pédiatre et ancien président du comité technique des vaccinations (CTV), la difficulté est de prévoir les innovations. « Tous les grands vaccins innovants que j'avais prévus il y a 20 ans n'ont malheureusement pas été développés. À l'inverse, je n'avais pas imaginé le développement des vaccins contre les papillomavirus par exemple », explique-t-il. Pour lui, la décision de mettre un vaccin sur le marché doit être soutenue par de fortes preuves scientifiques, afin de restaurer la confiance de la population. « Les gens sont réticents à utiliser les vaccins, mais quand une nouvelle infection arrive, ces mêmes personnes demandent : pourquoi n'y a-t-il a pas de vaccin ? Il nous faut des essais objectifs et indépendants pour prouver que la plupart des vaccins sont sûrs et pour combattre le message délétère des anti-vaccins », estime-t-il. Il souligne aussi l'importance de développer des vaccins plus efficaces, en particulier celui contre la grippe.
Résoudre les questions de coûts et d'accès aux vaccins
Outre l'amélioration de leur efficacité, les vaccins du futur devront aussi être plus rapidement développés et commercialisés, pour répondre aux nouveaux défis sanitaires mondiaux. Pour le Pr Rebecca Grais, directeur épidémiologie et santé des populations chez Epicentre-Médecins sans frontière, l'épidémie d'Ebola a montré qu'il était possible de développer un vaccin très rapidement. « On avait peur qu'Ebola soit utilisé comme une bioarme et cela a déclenché un effort important pour que le vaccin soit développé au plus vite. Beaucoup d'argent a été injecté, ce qui n'est pas le cas pour d'autres pathologies estimées plus bénignes », observe-t-elle. L'épidémie d'Ebola doit servir d'exemple et il faut, insiste la spécialiste « en tirer les conclusions et s'attaquer à d'autres problèmes. Il faut notamment des approbations réglementaires plus fluides et plus rapides, un meilleur partage de l'information et les problèmes de coûts et d'accès aux vaccins doivent être résolus. Il faut un profil de produits accessibles aux populations vulnérables, ce qui passe par exemple par une réduction des contraintes liées à la chaîne du froid ». Il est également important, souligne le Pr Grais, d'impliquer les universitaires et la société civile dans le développement des vaccins, en plus des industriels. Un avis partagé par Nathalie Garçon, PDG de l'institut de recherche technologique BioAster, qui souligne l'importance des partenariats public-privé (PPP) dans le domaine de la vaccination. « Il est difficile pour l'un des acteurs de tout faire de A à Z, explique-t-elle. Il est plus efficace de mutualiser l'utilisation de la technologie ». Mais la collaboration ne va pas toujours de soi. « Il peut bien sûr exister de la tension entre public et privé, car il y a un écart énorme entre la culture des universitaires et celle de l'industrie, reconnaît Pierre Meulien, responsable de l'Innovative medicines initiative (IMI), une plateforme européenne qui soutient des programmes de recherche collaborative. Notre but est que ces personnes puissent se comprendre pour pouvoir travailler ensemble de manière efficace. »
Des recommandations pour la R & D
Pour formaliser les recommandations susceptibles d'assurer la durabilité du développement des vaccins en Europe, une feuille de route a été conçue pour la R & D. Baptisé IPROVE (Innovation partnership for a roadmap on vaccines in Europe), ce projet a mobilisé plus de 130 acteurs de la vaccination, de la R & D jusqu'à la fabrication des vaccins. « Nous avons formulé 80 recommandations, qui indiquent où il faut investir et expliquent par exemple l'importance de se concentrer sur la pluridisciplinarité, entre biologistes et informaticiens pour pouvoir innover au niveau de la fabrication », explique Patricia Londono-Hayes, responsable R&D chez Sanofi Pasteur Europe. Cette feuille de route devrait être largement diffusée prochainement auprès des différents acteurs de la vaccination.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes