Fin du confinement oblige, 1,5 million d'enfants sont de retour sur les bancs des écoles primaires et maternelles depuis le 11 mai, suivis très progressivement par les collégiens à partir de cette semaine.
L'enjeu sanitaire de ce déconfinement est majeur pour le gouvernement, qui a édicté protocoles et circulaire mettant à contribution les médecins et personnels soignants de l'Éducation nationale, sans lever les doutes du secteur.
Charge aux médecins scolaires d'accompagner la reconstitution des équipes, leur préparation à l’accueil des enfants, d'apporter « expertise et conseils » dans les décisions concernant l’organisation des locaux ou l'hygiène et de former les personnels aux gestes recommandés. En cas de survenue de cas de Covid+, ils doivent conseiller la marche à suivre (isolement, port du masque pour les enfants en âge de le faire, gestes barrières) et peuvent, avec l'infirmier scolaire, intervenir en appui dans la prise en charge et le dépistage d'un enfant lorsque ses parents ne peuvent pas consulter leur médecin traitant. Avant tout retour en classe, l'avis du médecin scolaire (ou celui du médecin traitant ou du médecin de la plateforme Covid-19) est nécessaire, indiquent les textes.
« Mal utilisés »
Voilà pour le cadrage... Mais sur le terrain, l'expertise des médecins scolaires n'est pas forcément utilisée en cette période de crise sanitaire et de climat anxiogène dans les écoles. « Des inspections ont procédé avec les maires à l’ouverture des écoles sans se rapprocher des personnels de santé et notamment des médecins! Ou alors, des décisions de fermeture d’école ont été appliquées dès le 11 mai, dans le cadre de suspicion de cas, et non de cas avérés, sans que le médecin scolaire ou le référent Covid de l’inspection de l'Éducation nationale n’ait été interpellé », regrette le Dr Patricia Colson, secrétaire générale du Syndicat national des médecins de santé publique de l'Éducation nationale (SNAMSPEN/SGEN-CFDT).
De surcroît, « le protocole (63 pages tout de même, NDLR) est compliqué à mettre en œuvre et pose parfois question. Il y a de vieilles écoles, où les toilettes et les points d'eau ne sont pas du tout adaptés, et les gestes barrières sont difficiles à faire appliquer aux jeunes écoliers de maternelle, qui ont l'habitude d'apprendre en groupe », pointe le Dr Claudine Némausat, secrétaire générale du Syndicat national des médecins scolaires et universitaires (SNMSU-UNSA), qui déplore surtout l'absence d'une lettre de mission et d'instructions claires. Selon le syndicat, les médecins scolaires pourraient par exemple avoir un rôle actif dans l'enquête sur les personnes contacts, lorsque des cas de Covid sont confirmés au sein d'une école.
Mais avec moins de 800 médecins de l'Éducation nationale en équivalent temps plein (pour 12,5 millions d'écoliers, collégiens et lycéens), la profession a bien du mal à faire entendre sa voix et donc à peser dans les décisions. « Les médecins scolaires sur les secteurs ont été ignorés durant deux mois et ils ont eu toutes les peines du monde à être employés comme médecin de santé publique quand la crise sanitaire a fait rage et que les bras ont manqué », regrette le Dr Colson. Un paradoxe en période de mobilisation générale des soignants.
« Finalement, on ne nous implique pas davantage, car nous ne sommes pas assez nombreux, abonde le Dr Némausat. Les personnels de santé scolaire sont mal utilisés. C'est plus que jamais une perte de chance pour certains élèves, avec une grave mise en danger des élèves et des enseignants »
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