« Nous ne pouvons pas nous résigner ». Jean-Pierre Riso, président de la Fédération nationale des associations de directeurs d'établissements et services pour personnes âgées (FNADEPA), entend maintenir « la pression » sur l'exécutif, estimant incontournable la réforme promise du secteur du grand âge.
En présentant pas moins de 25 mesures, « reflet de l'expérience » de ses 1200 directeurs adhérents, la fédération de directeurs d'EHPAD souhaite « faire bouger les lignes » alors que le projet de loi Grand âge et autonomie, réforme emblématique du quinquennat, a été repoussé sine die, « dès que la crise sanitaire le permettra », a évacué Brigitte Bourguignon, la ministre déléguée chargée du dossier de l'autonomie. « Cette situation est inacceptable, juge Jean-Pierre Riso. Les tensions existaient avant la crise du Covid mais elles sont encore plus présentes aujourd'hui ! »
Le soutien aux professionnels, urgence sociale
Premier axe : le soutien direct aux professionnels du grand âge. Pour le président de la FNADEPA, il s'agit même d'une « urgence sociale » afin de faire face aux besoins croissants des « 21 millions de Français qui auront plus de 60 ans en 2030 ». L'augmentation du nombre de professionnels pour accompagner les personnes âgées – « 350 000 personnes seront à former d'ici à 2025 » – doit permettre de redonner du sens aux métiers concernés aussi bien dans les établissements que dans les services à domicile. A cet égard, au-delà des initiatives déjà prises — campagne de recrutements d'urgence du gouvernement "Un métier pour nous"—, la FNADEPA appelle de ses vœux une vaste campagne de recrutement grand public, à l'image de celle de l'Armée de Terre, avec des embauches pérennes et massives.
Autre requête : des formations communes aux aides-soignants et aux accompagnants éducatifs et sociaux. L'attractivité médicale dans les EHPAD pourrait être améliorée en développant des « postes de médecins coordinateurs à temps plein, qui soient à la fois médecins traitants », avance la directrice de la fédération, Annabelle Vêques.
Référents gériatriques aux urgences
Autre cheval de bataille, les rémunérations. Si le Ségur de la santé de juillet constitue « une avancée historique » pour les professionnels de l'hôpital et des EHPAD, les métiers des autres structures médico-sociales en ont été exclus, regrette la fédération. Pour éviter une « concurrence inéquitable », elle demande l'ouverture d'une négociation sur la revalorisation des salaires des professionnels des résidences autonomie et une hausse significative de la rémunération des aides à domicile.
Un autre axe vise à optimiser le parcours de vie des personnes âgées. Concernant la prise en charge médicale, la FNADEPA souhaite à la fois pérenniser les « référents gériatrie » mis en place au sein des SAMU au début de la crise Covid (pour « orienter au mieux et au plus vite les personnes âgées, notamment la nuit ») mais aussi mettre en place un accueil spécifique dans tous les services d'urgences. Objectif, « éviter les temps d'attente trop longs et les ruptures de parcours ».
Gouvernance unifiée
Enfin, le dernier volet concerne la gouvernance et les financements des territoires. Et sur ce point, la FNADEPA plaide pour une simplification radicale. Afin de pallier les « fortes disparités territoriales », la fédération appelle de ses voeux un « big-bang » de la gouvernance qui aboutirait à confier aux agences régionales de santé (ARS) la « gouvernance exclusive du secteur du grand âge ». Ainsi, EHPAD, résidences autonomie et services à domicile (SAAD/SSIAD) seraient entièrement pilotés par des ARS transformées en ARS-A (et de l'autonomie).
Les délégations départementales seraient, de leur côté, renforcées pour être « co-constructrices » des politiques d'autonomie. Cet élargissement du périmètre des ARS pourrait s'accompagner d'un tarif socle national pour les SAAD et d'une valeur de point GIR nationale pour les EHPAD.
La fédération juge enfin nécessaire d'engager une réforme de l'aide sociale à l'hébergement et d'établir un socle de règles minimales communes « dans un objectif de simplification ».
Au total, Jean-Pierre Riso estime, à l'unisson du rapport Libault, que les besoins liés au grand âge nécessitent 9,2 milliards d'euros supplémentaires par an d'ici à 2030.
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