COMBIEN de jours faut-il attendre pour une IRM lombaire à réaliser en urgence pour un patient atteint d’un cancer en expansion ? Cette question a été posée aux 551 structures équipées d’IRM en France, pour les besoins d’une enquête menée par la société de conseil Cemka-Eval à la demande de l’association imagerie santé avenir (ISA), qui regroupe des industriels et des médecins.
Créée en 1999, cette association se définit comme un observatoire de l’imagerie médicale en France. Elle milite pour un renforcement du parc IRM sur le territoire. Son enquête, dont c’est la 9e édition, conclut au creusement des inégalités régionales. Vingt-six nouveaux appareils ont été installés l’an passé, ce qui porte à 618 le nombre d’IRM en France métropolitaine. Un effort largement insuffisant aux yeux du cabinet de conseil. L’Hexagone manque d’IRM, et certaines régions plus que d’autres : il en faudrait le double (1 260) pour atteindre la moyenne européenne, estime l’association ISA, qui plaide en faveur d’un programme urgent de 400 IRM supplémentaires afin de réduire les délais d’attente.
Le plan cancer 2 (2009-2013) fixait un objectif national de 10 IRM par million d’habitants en 2011. Seules quatre régions sont aujourd’hui dans les clous (l’Ile-de-France, qui regroupe le quart des structures, le Nord-Pas-de-Calais, la Champagne-Ardenne et Rhône-Alpes). Trois régions restent en dessous de 7 IRM par million d’habitants (la Bourgogne, la Corse et les Pays-de-la-Loire).
Des délais de 50 jours dans 5 régions.
Le délai d’attente moyen au plan national est de 29,1 jours. C’est trois jours de moins que l’an dernier mais trois fois plus que l’objectif fixé par le plan cancer, qui a retenu cet indicateur comme un marqueur de qualité de la prise en charge. Le cabinet de conseil qui a mené l’enquête établit une corrélation entre ce délai et le taux d’équipement par million d’habitants. L’Aquitaine est citée en exemple : son délai d’attente a diminué de 10 jours, alors même que son parc IRM s’étoffe d’année en année. Les régions mauvaises élèves, qui s’illustrent par un délai d’attente de plus de 50 jours, sont au nombre de cinq (Basse-Normandie, Bretagne, Pays-de-la-Loire, Limousin, Corse).
Les enquêteurs n’ont pu obtenir aucun rendez-vous dans une structure sur trois. Le principal argument avancé est de nature logistique : il faut envoyer l’ordonnance par courrier ou par fax. Parfois, il faut se déplacer et remplir un formulaire. Dans de rares cas de figure, le centre donne la priorité aux personnes hospitalisées, et n’accepte pas les malades externes ou ceux qui n’habitent pas le même département. Il serait hâtif de déduire que les régions mieux équipées répondent plus favorablement aux demandes d’examen. Ainsi la Haute-Normandie, faiblement pourvue, offre-t-elle un taux de réponse élevé (78,6 %) alors que l’Alsace, pourtant mieux dotée en IRM, fait figure de très mauvais élève (taux d’obtention de rendez-vous à 23,1 %, le plus mauvais taux de l’Hexagone).
« L’accès à un examen IRM reste encore difficile en France », conclut l’association ISA, pour qui les progrès observés ces dernières années - en 2003, la France ne comptait que 230 appareils d’IRM - sont de loin « très insuffisants ». L’enquête, focalisée sur deux indicateurs (le nombre d’IRM et le délai d’attente), ne présente qu’une vision partielle de la problématique. Car l’imagerie est une discipline sinistrée : la France manque de manipulateurs et de radiologues. L’inégale répartition des professionnels de santé, conjugée à des problèmes locaux d’organisation des services d’imagerie, peut avoir un impact direct sur le délai d’obtention d’un rendez-vous d’IRM, estime ainsi l’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé (ANAP), qui a publié un guide de bonnes pratiques afin d’améliorer la qualité et la sécurité en imagerie.
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