La polémique n'a pas désenflé de tout le week-end. À partir de ce lundi 4 mai, plusieurs enseignes de la grande distribution (dont Auchan, Carrefour, Intermarché ou Leclerc) proposeront à la vente des masques grand public (en tissu et réutilisables) mais aussi des masques chirurgicaux, à usage unique, dans leurs magasins et drive. Plusieurs patrons du secteur ont ainsi annoncé avoir sécurisé en tout « 225 millions de masques », dont 175 millions de masques chirurgicaux.
Ces annonces ont donné lieu à des réactions cinglantes des professionnels de santé, qui accusent le secteur et l'État d'avoir constitué ces stocks de masques en cachette. Édouard Philippe a été obligé de monter au créneau ce lundi. « Il n’y a jamais eu de stocks cachés » de masques par les entreprises de la grande distribution, a affirmé le premier ministre devant le Sénat en présentant sa stratégie de déconfinement, évoquant un « malentendu » qui a « échauffé quelques esprits peut-être en mal de polémique ».
«Il n’y a jamais eu de stocks cachés : il y a eu des commandes massives, et il faut un certain temps avant qu’elles se concrétisent », a expliqué le chef du gouvernement. « L’État, les collectivités, les entreprises, la grande distribution travaillent main dans la main pour que les masques soient accessibles à tous, sur tout le territoire à partir du 11 mai », a-t-il assuré.
« Les masques tombent »
Les Ordres de sept professions de santé, dont celui des médecins, se sont exprimés en fin de semaine dernière dans une lettre commune intitulée « Les masques tombent ». « Comment s’expliquer que nos soignants n’aient pas pu être dotés de masques quand on annonce à grand renfort de communication tapageuse des chiffres sidérants de masques vendus au public par certains circuits de distribution », s'indignent les professionnels.
« Où étaient ces masques quand nos médecins, nos infirmiers, nos pharmaciens, nos chirurgiens-dentistes, nos masseurs-kinésithérapeutes, nos pédicures-podologues, nos sages-femmes mais aussi tous nos personnels en prise directe avec la maladie tremblaient et tombaient chaque matin ? », s'interrogent-ils.
Plusieurs députés de l'opposition ont également fait part de leur indignation. Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise s'est ainsi dit « écœuré » du commerce de ces masques, tandis que Damien Abad, président du groupe LR dans l'hémicycle, a fustigé le défaut d'anticipation de l'État, « supplanté par les grandes surfaces » et qui n'a pas « préempté » les commandes et les stocks de masques pour les distribuer aux professionnels de santé. Pour Yannick Jadot (écologistes), la vérité devra être connue et la grande distribution devra s'engager à en fournir « en priorité » aux soignants.
Face à ces nombreuses critiques, la grande distribution s'est défendue samedi d'avoir constitué des « stocks cachés » de masques chirurgicaux, estimant que la polémique était « nulle », « insensée et infondée ».
Avant le premier ministre, d'autres membres du gouvernement ont essayé tant bien que mal de calmer le jeu. « La grande distribution a annoncé non pas des stocks de masques, mais des commandes de masques », a relativisé ce samedi le ministre de la Santé Olivier Véran. Selon lui, la grande distribution lui aurait indiqué disposer en équivalent de 5 voire 10 millions de masques, « très très loin » des 500 millions importés notamment par l'État.
Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a quant à lui dénoncé ce lundi matin « une mauvaise polémique », assurant que la grande distribution avait « joué le jeu » depuis le début de la crise, notamment pour garantir la sécurité de l'approvisionnement alimentaire des Français.
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