LE QUOTIDIEN - Le SMPS a diligenté une enquête auprès de 868 personnes (cadres, directeurs, ingénieurs) sur les conditions d’exercice à l’hôpital. Quels sont les principaux enseignements ?
PHILIPPE BLUA - Les gens apparaissent plutôt fiers de leur métier, ils se félicitent de leur cadre de travail et des relations avec leurs collaborateurs et les médecins. Les questions budgétaires arrivent en dernière position parmi les motifs d’insatisfaction. C’est une surprise, je pensais que ce serait plus mal vécu. Le ministère de la Santé a la chance de s’appuyer sur un corps de cadres responsable, qui sait qu’il y a la crise, et qu’il faut faire avec. En un mot, les hospitaliers ont le sens du devoir. Mais l’enquête révèle un niveau de stress particulièrement élevé, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, et qui fait courir un risque pour la santé. Nous espérons que le ministère de la Santé tiendra compte de cette alerte en approfondissant l’étude, car il est responsable de la santé physique et psychique de ses employés.
4 % des sondés se disent soutenus par le ministère de la Santé. Comment interprétez-vous ce faible résultat ?
C’est le signe du divorce total qui existe entre le ministère de la Santé et les cadres de santé. C’est la grosse surprise de ce sondage, que j’explique par l’accumulation des promesses non tenues, l’empilement des textes visant uniquement à contrôler, à sanctionner. Il y a une vraie coupure. Notre syndicat, pourtant, a porté la loi HPST. Mais qu’est-elle devenue ? Les CHT [communautés hospitalières de territoire, NDLR] qui se mettaient en place fin 2009 se délitent. Celles qui fonctionnent se comptent sur les doigts d’une main. On a chamboulé les hôpitaux afin de créer des filières de soins et d’améliorer la prise en charge, or on n’entend plus aujourd’hui qu’un discours économique. Il y a un vrai désenchantement, une totale démotivation. Les cadres se sentent abandonnés par leur ministère de tutelle. L’absence de Xavier Bertrand et de Nora Berra à notre congrès n’est qu’un élément parmi d’autres. Après la loi HPST, il y a eu la grippe H1N1, puis l’épisode du remaniement avec un électroencéphalogramme plat pendant six mois. Le gouvernement ne s’occupe pas beaucoup de l’hôpital, et ne semble pas avoir conscience de l’ampleur du désaveu. J’avais prévenu que nous allions dans le mur : nous y sommes.
Vous avez été récemment reçu au ministère de la Santé. Les négociations statutaires vont-elles sortir de l’impasse ?
Un statut est fait pour accompagner les réformes. Or que nous propose-t-on ? Une baisse de la rémunération pour les directeurs qui mettront en œuvre la loi HPST, et qui se lanceront dans des regroupements hospitaliers. Rien n’est prévu pour les directeurs adjoints d’hôpitaux multisites, alors qu’ils passent leur vie dans une voiture. L’attribution d’une prime au mérite pour les cadres est totalement enlisée. On demande aux cadres d’aller au front pour restructurer, et derrière, on n’a rien pour les remercier. J’attendais des actes concrets, on m’a répondu que les promesses seraient tenues. Ces réunions de salon ne peuvent nous satisfaire.
Le SMPS est ouvert aux cadres médecins (chefs de service, chefs de pôle, présidents de CME) depuis fin 2010. À ce jour, aucun médecin n’y a adhéré. Le signe que les relations restent tendues entre médecins et directeurs ?
Le SMPS n’a pas eu le temps de communiquer auprès des médecins pour les attirer. Ce sera notre objectif pour 2012. Si les cadres médicaux nous rejoignent, nous les défendrons. Nous avons déjà pris position, comme d’autres, en faveur de la rémunération des chefs de pôle. L’épisode de mauvaise humeur lié à la loi HPST est passé : chacun a pu constater que les dictatures ne se sont pas multipliées dans les hôpitaux. Une majorité des sondés dit d’ailleurs qu’elle entretient de bonnes relations avec le corps médical.
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