Les sénateurs sont élus par un collège électoral, de sorte que le renouvellement par tranches de la Chambre haute ne passionne pas trop le grand public. Ce collège est composé des députés, des sénateurs, des conseillers régionaux, des conseillers généraux et de délégués des conseils municipaux qui forment 95 % des votants. C'est pourquoi le Sénat constitue un lien puissant avec les provinces françaises. Sa composition reflète la diversité des régions, départements et communes. Pour que rien ne soit simple, le scrutin majoritaire s'applique dans 18 départements, mais, dans 26 autres, c'est le scrutin proportionnel qui est utilisé.
L'enjeu politique de cette échéance électorale réside dans la toute nouvelle présence de la République en marche, qui n'existait pas lors des précédentes élections sénatoriales. Le président Macron avait pour ambition de s'emparer de la majorité au Sénat, après son énorme succès aux législatives. Il a déjà déchanté. Tout s'oppose en effet à ce que son parti remporte un succès à la faveur de cette consultation : la chute de la cote de popularité du chef de l'Etat, la pluie de mesures adoptées par le gouvernement qui ont un impact négatif sur les budgets des collectivités locales et la capacité de résistance des anciens partis de droite et de gauche.
La droite bien placée
Il est curieux qu'existent déjà au palais du Luxembourg 29 sénateurs affiliés au parti de M. Macron. Ce sont, pour le plupart, d'anciens sénateurs socialistes qui ont changé de casquette. Cette conversion autorisait tous les espoirs, mais la dure réalité du pouvoir a vite modifié les perspectives. C'est pourquoi le PS, qui n'a pas digéré sa défaite aux législatives, espère maintenir ses effectifs au Sénat autant que faire se peut. Quarante-sept des 86 sénateurs PS se présentent à la consultation de dimanche, ce qui fait autant de prises de risque. Il semble bien, hélas pour les socialistes, qu'ils soient condamnés à perdre des sièges. Tel n'est pas le cas des Républicains. La droite, en effet, a gagné toutes les élections intermédiaires avant 2017 et peut espérer consolider la plupart des 53 sièges qui font l'objet des sénatoriales de cette année, et peut-être même conserver les 142 sièges dont elle dispose au total. Il ne faut pas oublier que, si le parti Les Républicains a la majorité dans une majorité de conseils municipaux, il est mieux armé pour faire élire l'un des siens au Sénat.
On ne sait pas trop bien pourquoi la gauche mélenchoniste a renoncé à présenter des candidats. Il peut s'agir d'un caprice de M. Mélenchon lui-même ou de la distance que son parti veut prendre avec une institution dont l'existence repose sur une formule électorale sans rapport avec le suffrage universel, et qui ne lui semble pas suffisamment démocratique, même si le chef de la France insoumise (LFI) a été sénateur de l'Essonne pendant 18 ans. La défection de LFI devrait favoriser le PS, mais elle peut aussi profiter à la République en marche (REM) et aux Républicains. L'élection de dimanche devrait donc faire apparaître deux forces en présence, celle qui a fait allégeance au président et celle qui incarne l'opposition de droite.
Le Sénat n'ayant pas été réformé malgré divers changements de la Constitution, l'importance politique de ce scrutin est toute relative, puisque, dans tous les cas de figure, l'Assemblée nationale a le dernier mot. Certes, on peut toujours imaginer que, de même que des sénateurs ont rejoint la REM en cours de route, de même de grands électeurs auront vité leur cuti avant de participer à l'élection. En revanche, l'exégèse des résultats permettra aux partis de triompher, la REM si elle augmente ses effectifs et les Républicains s'ils peuvent prétendre qu'ils se relèvent déjà de la lourde défaite de François Fillon dès le premier tour de la présidentielle.
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