RIEN N’A FAVORISÉ les voyages en 2009-2010. Crise économique, troubles socio-politiques, crise sanitaire, nuage du volcan islandais ont provoqué la chute du trafic des compagnies aériennes et « l’exaspération ou l’angoisse de nombreux candidats au voyage », relève le Pr Martin Danis, président du Comité des maladies liées aux voyages et d’importation au Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Pourtant, insiste-t-il dans un éditorial du « BEH » (n° 21-22), les voyages sont « encore possibles ». Les nouvelles mesures de prévention 2010 s’adressent donc aux voyageurs « acharnés, obligés ou optimistes » et aussi aux autres, qui attendent la fin de la crise pour partir mieux conseillés et pour revenir en bonne santé.
Car en dépit d’une conjoncture morose, le Comité des maladies liées au voyage a décidé de mettre les moyens, en proposant une version fortement remaniée, avec un chapitre étoffé sur la vaccination par exemple. « Il n’existe pas, à la date de parution de ces recommandations, de nouveaux vaccins pour les voyageurs », précise le Pr Danis. Cependant, « les conditions particulières d’administration chez l’enfant, la femme enceinte et les personnes immunodéprimés ont été ajoutées pour chaque vaccin au lieu d’être situées comme auparavant dans un chapitre à part à la fin du bulletin. Deux tableaux récapitulatifs de l’enfant et de l’adulte, conformes au calendrier vaccinal 2010, mentionnant les particularités liées au voyage et au type de séjour, ont été ajoutés, y compris pour la protection contre les virus grippaux », poursuit-il.
Mise à jour du calendrier.
Les recommandations insistent sur la mise à jour du calendrier vaccinal en vigueur, « que ce soit pour les adultes ou les enfants ». Le rattrapage est recommandé quel que soit l’âge, en particulier pour la vaccination diphtérie-tétanos-poliomyélite. Les vaccinations contre la grippe et contre le tétanos sont particulièrement recommandées pour les personnes âgées.
Une nouvelle fois, l’accent est mis sur la rougeole, avec un paragraphe séparé. Chez les nourrissons qui voyagent, la vaccination peut être pratiquée à partir de l’âge de 9 mois (vaccin trivalent RRO, seconde dose entre 12 et 15 mois) et à partir de 6 mois pour ceux qui se rendent dans les pays de forte endémicité (vaccin monovalent). « Les adultes nés en 1965 ou après, n’ayant pas d’antécédent certain de rougeole ou de vaccination, qui se rendent dans des pays de forte endémicité, devraient recevoir une injection de vaccin RRO », souligne le CMVI. Il est aussi rappelé que la vaccination par le BCG est recommandée pour les enfants, dès la naissance en cas de séjours fréquents ou prolongés dans les pays à forte incidence tuberculeuse, le continent africain dans son ensemble, le continent asiatique y compris les pays du Proche et du Moyen-Orient, les pays d’Amérique centrale et du Sud, mais aussi les pays d’Europe centrale et de l’Est, y compris les pays de l’ex-Union soviétique et certains pays de l’Union européenne (Bulgarie, Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, le Portugal et la Roumanie).
Le vaccin contre la grippe pandémique A(H1N1)v fait son entrée dans les recommandations. Il est recommandé chez les personnes à risque, les femmes enceintes sans facteurs de risque pour la grippe saisonnière, les personnes atteintes de maladies endocriniennes et métaboliques susceptibles d’être décompensées par une infection aiguë, les personnes obèses avec un indice de masse corporelle supérieur ou égal à 30. Les personnes à risque non vaccinées qui doivent se rendre dans l’hémisphère sud pendant l’automne et l’hiver austral (entre avril et septembre) doivent se faire vacciner avec le vaccin monovalent pandémique. « Cette vaccination vise à conférer une protection individuelle et n’a pas de but collectif, notamment celui d’empêcher le démarrage d’une circulation épidémique très peu probable de virus issus d’un cas importé », précise le CMVI.
Toujours au chapitre « vaccination », un encadré sur la pharmacovigilance souligne que tout médecin, chirurgien-dentiste, sage-femme ou pharmacien ayant constaté un effet indésirable grave ou inattendu susceptible d’être dû à un médicament ou un vaccin, « qu’il l’ait ou non prescrit ou délivré, doit en faire la déclaration immédiate au Centre régional de pharmacovigilance dont il dépend ».
Accès palustres graves.
Concernant le paludisme, le CMVI souligne que les cas importés en France métropolitaine sont en légère diminution, avec près de 4 000 cas en 2009 contre 4 400 en 2008. Ce nombre tend d’ailleurs à diminuer régulièrement de 4 ou 5 % par an depuis 2007, alors que jusqu’à 2008, le nombre de voyageurs augmentait. En revanche, « le nombre d’accès graves augmente, comme si la prémunition des sujets exposés (70 % des cas sont d’origine africaine) diminuait », note le Pr Danis. Le nombre de morts reste stable, « mais c’est encore 7 morts de trop qu’un conseil et une observance de la chimioprophylaxie auraient évités ». Pour mieux préciser la chimioprophylaxie, le tableau récapitulatif a été modifié : tous les pays, endémiques ou non, sont désormais listés par ordre alphabétique avec si nécessaire, les chimiorésistances et la prophylaxie adaptée.
Les précautions générales d’hygiène corporelle (par exemple, ne pas marcher pieds nus sur les plages ou ne pas s’allonger sur le sable pour éviter le risque de larbish ou larva migrans cutané) et d’hygiène alimentaire (exemple : gel ou solution hydroalcoolique en l’absence d’eau et de savon) sont également précisées. Voyages en avion, pèlerinage à La Mecque, composition de la trousse à pharmacie font l’objet de recommandations. Et l’aspect administratif a été développé. « Une autorisation de délivrance d’un traitement pour six mois dans une pharmacie française peut être demandée auprès de la Caisse primaire d’assurance-maladie lorsqu’on est atteint d’une pathologie chronique (diabète, insuffisance thyroïdienne) », ajoute le CMVI. Pour la première fois, les recommandations vont être présentées au public, ce mardi.
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