Le marasme français ne sera pas extirpé, comme l'affirment la plupart des candidats, par des bouleversements excessifs qui appauvriraient encore un peu plus le pays, mais par le réalisme, le sang-froid et par des réformes progressives qui faciliteront une meilleure répartition des revenus. Il ne s'agit pas de déshabiller Pierre pour habiller Paul, comme le réclament de si nombreux candidats, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon. Il ne s'agit pas de compromettre la production actuelle au nom des besoins criants d'une forte partie de la population. Il ne s'agit surtout pas, en une période de crise toujours vivace, de tenter une expérience dont les programmes non financés annoncés par certains achèveraient notre faillite. Il ne s'agit pas non plus de redistribuer des sommes que nous n'avons pas. Il s'agit, avant toute chose, d'abaisser les coûts du travail en réduisant les cotisations salariales (et non les salaires) qui pourraient être financées par une taxe à la consommation et d'entrer dans la compétition mondiale.
Nous n'aurons aucun espoir de succès si nous tournons le dos à l'Europe, qui est depuis si longtemps notre environnement naturel. Ou si nous donnons le coup de grâce aux forces productrices en décourageant définitivement les investisseurs. Ou si nous inventons une démarche économique tellement déconnectée de nos partenaires commerciaux que nous serions condamnés à vivre en autarcie. La France, cinquième ou sixième puissance, n'est pas parvenue à un état de déréliction tel qu'elle doive, comme Gribouille, se jeter à l'eau pour ne pas se mouiller davantage. D'une part, l'état des lieux est dramatisé par certains candidats uniquement parce que cela leur permet d'alimenter leur popularité avec la colère et la peur du peuple. D'autre part, il existe une distance si grande entre les remèdes qu'ils proposent et les effets qu'ils espèrent que leur campagne relève du pur mensonge et du charlatanisme.
Aventure en terrain miné
La France n'a pas besoin de changer une constitution qui a assuré sa stabilité depuis soixante ans, a parfaitement convenu à des partis politiques opposés, a épousé les nouvelles exigences d'une société en constante mutation grâce à la pratique des amendements. Elle n'a pas besoin non plus de se singulariser par le choix d'une méthode de gestion archaïque qui ferait d'elle le paria des nations. Elle n'a pas besoin de retourner au régime des partis et au scrutin proportionnel qui assurerait le désordre, pour ne pas dire le chaos : dans les divisions actuelles, ce qui nous protège encore le mieux contre l'hystérie et la folie, ce sont les institutions. Dans ces conditions, vous qui votez, ne vous fiez pas à un parti qui descend du pétainisme et se réclame soudainement du gaullisme ; ne vous fiez pas davantage à un candidat qui a réinventé la lutte des classes et prétend innover en proposant une nouvelle République, laquelle, en réalité, sera la copie conforme de la précédente et nous assurera des décennies d'instabilité, d'appauvrissement, de démagogie et d'insuffisance démocratique.
Onze candidats sont en présence, mais très peu d'entre eux, en définitive, proposent autre chose que l'aventure en terrain miné. Une simple réflexion de quelques minutes vous rappellera que la redistribution autoritaire des richesses ne fonctionne qu'en système communiste, dont le dernier échantillon est la Corée du Nord, sans pour autant éradiquer la pauvreté, au contraire ; que le revenu universel n'est pas une idée de gauche, mais une idée libérale qui ne peut être appliquée qu'en période de prospérité, et non en période de crise ; que les mesures de type ras-de-marée supposent avant tout le recours à la force, lequel passe par la réduction des libertés. Le vote de dimanche fait aussi partie du combat pour la démocratie, qui sous-entend le rejet de tout régime autoritaire. Sur ce point, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ne sont guère rassurants et méritent donc d'être mis en minorité.
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