Qu’attendent les médecins du (de la) prochain(e) président(e) de la République ? À quelques jours du second tour de l’élection, « le Quotidien » a posé la question à ses lecteurs. Près de 300 d’entre eux ont répondu à cette enquête en ligne menée du 3 au 5 mai. Ils nous ont confié leurs trois priorités pour le prochain quinquennat.
Les résultats reflètent les préoccupations des médecins telles qu’elles se sont exprimées dans nos colonnes ces derniers mois. Les soignants réclament davantage de considération (notamment à travers leurs honoraires), plus de temps pour soigner leurs patients (donc moins de paperasserie) et la suppression du tiers payant obligatoire, un dispositif généralisé en novembre et qui hérisse la profession.
Un rattrapage tarifaire
La revalorisation des tarifs est la mesure la plus fréquemment citée par les professionnels ayant participé à l’enquête. Ils sont plus de 62 % à la mentionner. La question de la rémunération reste donc une préoccupation essentielle des praticiens, malgré les augmentations tarifaires prévues dans la nouvelle convention et initiée le 1er mai dernier avec la hausse du tarif de consultation de 23 à 25 euros. Près de 97 % des généralistes en bénéficient. Mais ce coup de pouce est surtout perçu comme un rattrapage : un alignement sur le tarif des spécialistes et une compensation de l’inflation subie depuis 2011.
Les médecins souhaitent également retrouver du temps pour soigner. C’est une priorité pour près de 60 % des répondants. Ce choix reflète le ras-le-bol des médecins à qui l’on demande toujours plus de paperasserie au détriment de leur cœur de métier. Leur souhait de voir supprimer l’obligation de tiers payant lors du prochain quinquennat (54 % des professionnels ont cité cette mesure) correspond aussi à cette attente, les médecins redoutant de nouveaux tracas administratifs avec ce dispositif voulu par Marisol Touraine.
Des promesses encore très floues
Sur ce dernier point, les professionnels peuvent avoir un espoir de changement quel que soit le prochain locataire de l’Élysée. Marine Le Pen, comme Emmanuel Macron, ont affirmé durant leur campagne qu’ils évalueraient l’efficacité et les bénéfices du dispositif. Et qu’ils reviendraient sur son caractère obligatoire si nécessaire.
Marine Le Pen promet également des améliorations sur les tarifs et la paperasserie, mais sans préciser ni l’ampleur ni les moyens mis en œuvre. « La rémunération des professionnels de santé libéraux doit pouvoir évoluer et être réévaluée, afin d’adapter la tarification à la réalité de leur exercice professionnel, et les charges administratives devront être allégées, notamment grâce à l'innovation technologique », écrit le Front national.
Emmanuel Macron promet également de faire « évoluer la rémunération des médecins en ville afin de mieux valoriser les actions de prévention », un axe sur lequel le candidat mise pour mieux prendre en charge la santé des Français en réalisant des économies. La question de la lourdeur administrative n’est pas abordée explicitement dans son programme.
Au-delà de ces considérations, les médecins attendent surtout de l’écoute de la part du prochain gouvernement. « J’attends une prise en compte réelle de la demande des médecins » écrit un lecteur au « Quotidien », tandis qu’un autre réclame « une prise de conscience de la gravité des problèmes de la médecine ». Le prochain gouvernement devra prendre en compte cette attente au risque de braquer un peu plus des professionnels déjà échaudés par cinq années de conflits avec le gouvernement sortant.
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