Marisol Touraine persiste et signe. À l'occasion de la présentation en conseil des ministres, ce mercredi, du dernier projet de budget de la Sécurité sociale du quinquennat, la ministre de la Santé a réaffirmé sa promesse très politique d'un quasi-retour à l'équilibre des comptes, à quelques mois de la présidentielle.
Dans un document de quatre pages intitulé « Désintox », elle répond aux critiques qui pleuvent depuis quinze jours au sujet de ses prévisions optimistes ou des résultats flatteurs affichés par le gouvernement.
« La réduction du déficit de la Sécu n'est pas en trompe l'œil », affirme-t-elle, précisant que ses prévisions de retour à l'équilibre sont validées par le Haut Conseil des finances publiques. À ceux qui soulignent que le fonds de solidarité vieillesse (FSV qui finance notamment la retraite des chômeurs) est toujours dans le rouge (- 3,8 milliards d'euros en 2017), la ministre répond qu'il s'agit d'un effet « purement lié à la conjoncture » en période de chômage élevé.
Marisol Touraine rappelle aussi que l'objectif national d'évolution des dépenses d'assurance-maladie (ONDAM) a constamment été respecté depuis 2012. Elle assure que le taux directeur fixé pour 2017 (2,1 %) permettra bien de revaloriser les dépenses nouvelles attendues l'an prochain (C à 25 euros, hausses salariales à l'hôpital).
Elle fait valoir que la Sécurité sociale se désendette depuis le début du quinquennat. « Sa dette devrait se situer en 2017 à un niveau inférieur à celui qu'elle connaissait en 2011 », explique-t-elle, sans préciser le montant salé de l'ardoise (140 milliards d'euros l'an prochain). Cette opération de pédagogie et de communication sur les comptes sociaux intervient après que de nombreux acteurs du monde de la santé ont émis ces derniers jours des réserves sur le budget de la Sécu 2017.
Les doutes de l'Académie
La Cour des comptes avait été la première à s'alarmer des perspectives financières de la Sécurité sociale, à pointer le déficit structurel persistant, et à juger « incertaine » la trajectoire de retour à l'équilibre.
L'Académie nationale de médecine a également exprimé sa « vive préoccupation », rappelant le poids de la dette sociale et redoutant l'explosion du coût de certains médicaments innovants contre l'hépatite C, le cancer ou la DMLA. L'Académie recommande de revoir les critères d'admission et les protocoles de soins en ALD.
L'industrie pharmaceutique (LEEM) a quant à elle jugé « irréalistes » les économies de 1,7 milliard attendues sur le médicament l'an prochain, dénonçant une « politique du rabot ». Les médecins libéraux, par la voix de la CSMF, s'estiment également « sacrifiés » sur l'autel d'économies « sans précédent » de 4 milliards d'euros demandés au secteur de la santé.
Sans surprise, les établissements ont également exprimé leur mécontentement. La Fédération hospitalière de France (FHF) a alerté sur « les conséquences qu’auront de nouveaux efforts supplémentaires sur l’équilibre des établissements publics et leur capacité d’investissement ».
Les cliniques jugent contradictoires les mesures de redressement et les injonctions de développement de chirurgie ambulatoire. « Nous ne pouvons supporter davantage de pression économique », a affirmé ce mercredi la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP).
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