Décidément, cette maladie n’en finit pas de nous étonner. Mystérieuse par son étiologie, déconcertante par sa symptomatologie, imprévisible quant à son évolution, déroutante au plan thérapeutique, elle débouche sur une crise multiforme qui affecte, non seulement l’individu, mais aussi le corps social dans son ensemble.
Le regard de l’anthropologue est donc indispensable pour comprendre les bouleversements en cours. Ceux que nous avons interrogés convergent sur au moins trois points. La pandémie agit sur nos sociétés comme un révélateur de problématiques profondément ancrées. Les séquelles seront multiples et les conséquences durables sur la population. Elles provoqueront des changements de cap décisifs, peut-être radicaux.
La question des inégalités est ici posée avec insistance. Avec, là encore, un constat paradoxal. Au cours de ces deux mois, la non-discrimination entre les victimes s’est imposée comme un leitmotiv. Non sans succès, puisqu’il n’a pas été nécessaire d’opérer ce tri que tout le monde redoutait pour l’accès à la réa. C’est un des acquis incontestables de la politique menée depuis mars. Et pour y parvenir, on n’a pas lésiné sur les moyens : confinement général, conversion de lits et même transferts médicalisés des malades.
Et pourtant, on se rend bien compte que, face au fléau, tout le monde n’a pas bénéficié des mêmes chances, loin de là. Facteurs de risque, appartenance générationnelle, lieux de confinement, suivi scolaire, cohésion familiale, télétravail, emploi... Par quelque bout qu'on la prenne, la crise renvoie l’image d’une France à plusieurs vitesses face à l'adversité. Un pays dans lequel, comme aurait dit un humoriste célèbre, certains apparaissent au final « plus égaux que d'autres ». Au plan sociétal, cette France disparate ressort comme un des enseignements majeurs de cette pandémie. Comme quoi, une crise peut en cacher une autre. Gilets jaunes, blouses blanches… Sur quels horizons déboucherons-nous demain ?
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