LE QUOTIDIEN : Qu’est-ce qui fragilise le plus la Sécurité sociale aujourd’hui ?
THOMAS FATOME : L’absence ou la faiblesse de la croissance économique - qu’on connaît depuis 2009 - est un défi pour la soutenabilité financière de la Sécurité sociale, car une grande partie de ses ressources est assise sur la masse salariale et l’emploi.
Sur le plan politique, on observe des mouvements de remise en cause de l’affiliation à la Sécu. On rappelle alors la règle du jeu, clairement établie dans le droit français et le droit communautaire : personne ne peut s’exonérer de payer ses impôts ni ses cotisations sociales. Toutes les sornettes sur le thème "on peut sortir de la Sécu" sont des mensonges, et pire, un délit pénal. Quiconque s’embarquerait dans une telle aventure s’expose à de lourdes sanctions.
La montée en charge des complémentaires ne remet-elle pas en cause le modèle d’universalité ? Ne va-t-on pas vers un système bicéphale ?
Les complémentaires ont toujours existé. Leur montée en charge n’est pas un phénomène majeur si l’on regarde globalement ces 20 dernières années. Le taux de prise en charge publique des soins reste stable, à 75 %. Certes, la part des complémentaires augmente sur les soins courants. Mais le vieillissement et l’explosion des maladies chroniques ont pour conséquence la progression des remboursements à 100 % par l’assurance-maladie obligatoire.
Nous sommes attachés à un niveau élevé de remboursement public, et il ne faudrait pas descendre en dessous de la barre des 75 %. Les logiques de boucliers ou de remboursement selon les revenus, un système à l’américaine avec des précaires pris en charge par le public et les plus riches par le privé : rien de tout cela n’est dans la culture française, où les citoyens sont remboursés en fonction de leurs besoins.
Quels sont les grands défis de la Sécu à l’avenir ?
Nous devons continuer nos efforts pour réduire le déficit, maîtriser la dépense de santé en la faisant évoluer au rythme de la croissance nationale, favoriser celle-ci et soutenir l’emploi.
Au-delà des objectifs financiers, il existe des défis en matière de politiques publiques : améliorer l’accès aux soins, simplifier les parcours des assurés sociaux. Certes, nous n’avons pas en vue "une" grande réforme, mais plusieurs lois portant sur les retraites, la santé ou encore l’autonomie, vont produire leurs effets.
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