Et si, pour désengorger les urgences, la solution était de créer de nouveaux points d'accueil avec plateau technique léger permettant la prise en charge de soins rapides par des généralistes ? C'est l'idée du Dr Cyrille Isaac-Sibille, député du Rhône (MoDem), qui défend une proposition de loi en ce sens discutée aujourd'hui en séance à l'Assemblée nationale.
Cet élu propose la création de points d'accueil pour soins immédiats (PASI), labellisés comme tels, au sein des établissements de santé (publics, privés) ou associés aux communautés professionnelles et territoriales de santé (CPTS). Leur rôle ? « Assurer les soins non programmés relevant de la médecine générale lorsque le pronostic vital et fonctionnel du patient n'est pas engagé » et ainsi délester les services d'urgences de 3,6 millions de passages inappropriés. Selon le député, il convient de combler cette carence dans la gradation des soins immédiats entre les blessures bénignes et les urgences vitales.
Sutures, plâtres...
Disposant ou ayant accès à des plateaux techniques d'imagerie et de biologie médicale, ces PASI – tenus par des généralistes libéraux et ouverts du lundi au samedi entre 9 heures et 22 heures – seraient à même d'assurer par exemple des soins techniques simples tels que des sutures ou des poses de plâtres. Ces points d'accueil pourraient s'appuyer sur des avis de spécialistes (présents ou par télémédecine), rémunérés à l'acte. En revanche, aucun urgentiste ne participerait à leur fonctionnement. La prise en charge des patients en soins immédiats se ferait sans dépassements d'honoraires.
Pour permettre l'identification claire par les usagers de cette structure à mi-chemin entre le service d'urgence et la maison médicale de garde, le député suggère une signalétique particulière. « Une croix orange pourrait être envisagée s'inscrivant entre la croix verte des pharmacies et la croix rouge des urgences », propose-t-il. « C'est une proposition de loi modeste mais souple », explique l'élu au « Quotidien ». « Elle permet de mettre à disposition de la médecine de ville des plateaux techniques simples permettant de répondre à une demande urgente mais non vitale des patients », résume l'ORL.
Sabotage politique ?
Cyrille Isaac-Sibille voudrait surtout aller très vite et permettre aux agences régionales de santé (ARS) de labelliser les premières structures PASI « dès les mois à venir ». Ce n'est pas gagné : lors de la discussion tendue du texte en commission des affaires sociales, un amendement de l'urgentiste Thomas Mesnier (LREM) a froissé l'auteur de la proposition, en limitant singulièrement sa portée. Le député macroniste de Charente veut en effet conditionner l'existence des PASI à leur inscription au projet territorial de santé (PTS) afin de s'assurer qu'ils resteront « à la main complète des médecins libéraux » via les CPTS.
Or, « cela renvoie l'application de mon texte de loi aux calendes grecques car les projets territoriaux de santé ne seront opérationnels sur l'ensemble du territoire que dans 4 ou 5 ans », s'exaspère Cyrille Isaac-Sibille. Le député Mesnier réplique qu'« il ne faut pas casser la dynamique des CPTS au profit de PASI qui ne seraient pas corrélés avec les médecins libéraux de terrain ».
Furieux, l'auteur de la proposition de loi initiale a dénoncé un « amendement politique » qui « met à mal un travail réalisé en commun avec des parlementaires de tout bord ». Lors du débat en séance aujourd'hui, le député MoDem défendra donc un amendement qu'il assure « soutenu par le ministère » visant à rétablir l'effet immédiat de ces points d'accueil pour soins immédiats.
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