Pour les autorités sanitaires, l’année 2011 aura été celle de la mobilisation contre la résurgence de la rougeole. « Il faut rappeler aux Français que la rougeole est une infection grave qui peut être lourde de conséquences et même mortelle », soulignait ainsi fin mars Nora Berra, la secrétaire d’État chargée de la santé. Après la création, en juillet, d’un site internet (www.info-rougeole.fr), le ministère de la Santé a lancé en septembre une campagne en direction des professionnels de santé. Mi-octobre, il a donné le coup d’envoi d’une nouvelle campagne en direction cette fois du grand public, notamment pour sensibiliser les mères de 40 à 60 ans ainsi que les 15-30 ans pour les amener à s’interroger sur leur situation vaccinale vis-à-vis de la rougeole. « Cette mobilisation est nécessaire. La France est aujourd’hui un des pays les plus touchés en Europe par ce retour de la rougeole. Dans une partie de la population, cette maladie est considérée à tort comme une maladie bénigne et uniquement infantile. Il est donc très important de relayer tous ces messages sur la nécessité d’une protection vaccinale élevée contre ce virus très contagieux et qui peut entraîner de graves complications », souligne le Pr Odile Launay, du Centre d’investigation clinique de vaccinologie de l’hôpital Cochin à Paris.
En 2006 et 2007, moins d’une cinquantaine de cas annuels de rougeole ont été déclarés en France. C’est en 2008 qu’est survenue cette épidémie de grande ampleur qui s’est déroulée en trois vagues (octobre 2008-septembre 2009, octobre 2009-septembre 2010, octobre 2010-avril 2011). Selon un bilan établi, au 20 décembre dernier, par l’Institut de veille sanitaire (InVS), plus de 22 000 cas de rougeole ont été déclarés en France depuis le 1er janvier 2008. « La troisième vague épidémique a été de grande ampleur comparée aux deux vagues antérieures avec un pic atteint en mars 2011 et une décroissance des cas depuis », soulignait alors l’InVS. Dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH du 20 septembre 2011, n° 33-34), l’InVS précisait que l’incidence la plus élevée concernait les moins de 1 an, avec un cas sur 1 000 entre octobre 2010 et avril 2011. « Les données de la déclaration obligatoire (DO), non exhaustives, montrent un bilan préliminaire de l’épidémie de près de 4 000 hospitalisations, dont 808 pneumonies et 26 encéphalites/myélites et un total de 10 décès, dont 8 chez des moins de 30 ans », indiquait alors l’InVS en ajoutant que la vague actuelle impliquait un variant du génotype D4 (MVs/Montaigu, FRA/43.08). Le Pr Launay tient à souligner que ces dix décès ne sont pas tous survenus chez des patients à risque ou immunodéprimés. « Un de ces décès, par exemple, a touché une jeune institutrice de la région Rhône-Alpes, victime de complications pulmonaires », précise-t-elle.
La couverture vaccinale des nourrissons reste insuffisante.
Recommandé depuis 1986, le vaccin trivalent (rougeole-oreillons-rubéole) se délivre en deux doses. La première est conseillée à partir de l’âge de 12 mois et même dès 9 mois en cas d’entrée en collectivité. La seconde dose est recommandée entre 13 et 24 mois. « Il ne s’agit pas d’un rappel mais d’une seconde injection qui vise à protéger les 10 % de personnes qui ne développent pas d’anticorps avec la première dose », indique le Pr Launay.
En théorie, après l’âge de 2 ans, tout enfant devrait avoir reçu ses deux doses. Dans la réalité, c’est loin d’être le cas. « La couverture vaccinale des nourrissons reste insuffisante. Elle est à 24 mois de 89,1 % pour une dose (Certificats de santé 2008) et 40,6 % pour deux doses (échantillon généraliste des bénéficiaires CnamTS/InVS, enfants nés en 2008), alors que les objectifs de couverture à cet âge sont de 95 % et 80 % respectivement pour la première et la seconde dose », indique l’InVS dans le BEH.
C’est cette couverture vaccinale insuffisante, chez l’enfant comme chez l’adulte, qui explique ce retour en force de la rougeole. « Aujourd’hui, la couverture est d’environ 90 % alors qu’on estime qu’il faudrait une couverture vaccinale de 95 % pour que le virus ne circule plus dans la population », indique le Pr Launay. Aujourd’hui, la priorité est donc de sensibiliser les parents des jeunes enfants qui n’ont pas été vaccinés, ainsi que les 15-30 ans. « Parmi les personnes nées après 1980, 9 % sont susceptibles au virus, c’est-à-dire n’ont pas d’anticorps. Et c’est chez ces adultes jeunes qu’on observe en général les complications les plus sérieuses de la rougeole », indique le Pr Launay.
Précision importante : ce vaccin vivant ne peut pas être délivré aux enfants de moins de 6 mois et à une femme enceinte. « En cas d’exposition documentée d’une femme enceinte avec un cas de rougeole, il est indiqué de faire des immunoglobulines par voie intraveineuse dans les 6 jours qui suivent le contact. Cette solution est également recommandée chez les enfants de moins de 6 mois et chez les personnes immunodéprimées », indique le Pr Launay.
D’après un entretien avec le Pr Odile Launay, centre d’investigation clinique de vaccinologie de l’hôpital Cochin, Paris.
Des personnalités demandent l'entrée au Panthéon de la psychiatre et résistante Adélaïde Hautval
Sur les réseaux sociaux, le retour en force du culte de la maigreur fait des ravages
Avec le désengagement américain, l’OMS annonce une réorganisation et des licenciements
Vaccination, soutien aux soignants, IVG : le pape François et la santé, un engagement parfois polémique