« À ce jour, j’ai dû faire plus de mille opérations de la hanche en utilisant une navigation 3D. Et aujourd’hui, je n’imagine pas opérer sans cet outil qui apporte une aide incomparable pour optimiser la précision du geste chirurgical », explique le Pr Christian Lefevre, chef du service d’orthopédie-traumatologie du CHRU de Brest. Un établissement de pointe dans le domaine de la chirurgie assistée par ordinateur. Le CHRU breton travaille en effet en lien étroit, depuis des années, avec le Laboratoire (INSERM) de Traitement de l’Information Médicale (LaTIM), la Faculté de médecine et Télécom Bretagne (ENSTB est une ancienne dénomination mais nous parlons bien de la même structure).
L’imagerie 3D est utilisée de manière quotidienne dans le service du Pr Lefevre en particulier pour les opérations de la hanche. « C’est très utile, car avec la hanche, le problème est que vous pouvez allonger un membre très facilement. Avec cet outil, on travaille au millimètre. Et depuis que je l’utilise, je n’ai plus, en post-opératoire, de problème de longueur, de talonnettes à poser ou de mal de dos chez les patients », souligne le Pr Lefevre.
D’abord la neuro-chirurgie
C’est à partir du début des années 2000 que l’imagerie 3D a commencé se diffuser dans les services de chirurgie en France. « Historiquement, c’est en neuro-chirurgie qu’elle s’est développée et s’est révélée très innovante en particulier pour la chirurgie du rachis ou intracrânienne, explique le Pr Eric Stindel, le directeur du LaTIM. Et aujourd’hui, il n’y a plus un seul service de neuro-chirurgie en France qui ne travaille pas avec de l’imagerie 3D », ajoute-t-il.
Mais au fil des années, la 3D a aussi trouvé sa place dans d’autres spécialités chirurgicales, en particulier l’orthopédie. « C’est utilisé pour la hanche mais aussi pour le genou, pour faire des prothèses ou des réparations de ligaments croisés. Et actuellement, c’est en train de se développer pour l’épaule. De manière générale, on peut dire qu’on a beaucoup recours à l’imagerie 3D là où on pose beaucoup d’implants », souligne le Pr Stindel, en ajoutant que la chirurgie assistée par ordinateur convient parfaitement à l’orthopédie. « On travaille en effet sur des structures rigides, en l’occurrence les os. L’imagerie 3D est plus compliquée à utiliser sur des tissus mous. Par exemple, pendant une intervention, un foie peut très bien se déformer et, dans ce cas, l’imagerie pré-opératoire ne reflétera plus la réalité du patient », ajoute-t-il.
Reste une question : au bout d’un moment, le chirurgien n’a-t-il pas l’impression d’opérer un patient virtuel. « Non, l’imagerie 3D permet de reconstruire le modèle du patient, pour aider le chirurgien à se repérer dans l’espace, mais pas d’en faire un être virtuel, répond le Pr Stindel. Un avis partagé par le Pr Lefevre. « La grande différence avec un robot, c’est que le chirurgien reste aux manettes. La navigation 3D va lui apporter une aide précieuse mas c’est lui qui opère et qui reste à la barre »
Article précédent
Quand les patients implantés seront suivis par leurs généralistes
Article suivant
De l’abstinence à la réduction des riques : les généralistes face au changement
Encore un long chemin
Le patient cyborg est-il déjà une réalité ?
Des insuffisants cardiaques transformés par les ARNi
Quand les patients implantés seront suivis par leurs généralistes
La preuve par l’écran
De l’abstinence à la réduction des riques : les généralistes face au changement
Pourquoi les robots ne vont pas prendre le pouvoir sur les soignants
Que va-t-on en faire dans la pratique clinique ?
Les imprimantes 3D arrivent dans les hôpitaux
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation