Une étude parue dans « Gut » montre que la supplémentation en calcium (qu’elle soit ou non associée avec une supplémentation en vitamine D) augmente le risque à long terme (6 à 10 ans) de développer des adénomes festonnés sessiles, précurseurs du cancer colorectal. Même si ces résultats doivent être confirmés et les risques mis en balance avec les bénéfices de la supplémentation, cette étude pourrait à terme avoir des implications en santé publique, sur le dépistage et la prévention du cancer colorectal.
Une étude auprès de 2 259 personnes
Pour cet essai, 2 259 personnes de 45 à 75 ans, pour lesquelles une colonoscopie avait détecté un adénome (qui avait été réséqué) dans les 4 mois précédents, ont été incluses entre 2004 et 2008 et suivies jusqu’en 2016. Ces participants (d’âge moyen 58,1 ans, à 63 % des hommes, et à 88 % caucasiens) avaient été séparés en 6 groupes : un groupe recevant du calcium (1 200 mg/jour) (n = 419), un recevant de la vitamine D (1000IU/jour) (n = 420), un recevant les deux (n = 421) et un autre un placebo (n = 415), le tout pendant 3 à 5 ans. Les deux groupes supplémentaires étaient constitués de femmes qui ne souhaitaient pas cesser leur supplémentation préalable en calcium (n = 584) : elles ont donc été randomisées entre un groupe calcium + placebo (n = 295) et un groupe calcium + vitamine D (n = 289). Avaient été exclus les patients présentant des antécédents familiaux de cancer colorectal ou de maladie inflammatoire de l’intestin.
Parmi ces 2 259 participants, 2 058 ont subi une colonoscopie au moins un an après l’inclusion, permettant d’évaluer la présence de polypes pendant la phase de traitement. Et 1 108 ont aussi subi une colonoscopie après la fin du traitement, permettant d’évaluer la présence de polypes pendant la phase dite d’observation.
Les femmes et les fumeurs à plus haut risque
Les colonoscopies ont permis de détecter 565 polypes festonnés chez les 2 058 participants (soit 27,5 %) d’entre eux pendant la phase de traitement, et 329 chez les 1 108 participants (soit 29,7 %) pendant la phase d’observation. La supplémentation en calcium (seule, ou associée à la vitamine D) était associée à une augmentation des adénomes festonnés sessiles pendant la phase d’observation mais pas pendant la phase de traitement. Il s’agit donc d’un effet tardif, 6 à 10 ans après le début de la supplémentation.
Les auteurs ont aussi constaté que les femmes et les fumeurs étaient encore plus exposés à ce risque en cas de supplémentation en calcium. En revanche, la prise alimentaire de calcium ne semblait pas avoir de conséquence.
Les mécanismes impliqués demeurent peu clairs et les auteurs signalent qu’il s’agit de l’analyse secondaire d’un essai prévu pour évaluer l’occurrence des adénomes conventionnels. Les adénomes festonnés sessiles, qui sont concernés par cette étude, étant moins fréquents, la puissance statistique de l'étude reste limitée.
Les auteurs notent donc que des études supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats, mais suggèrent en attendant que les patients avec antécédents de polypes festonnés précancéreux, surtout les femmes et les fumeurs, évitent la supplémentation en calcium.
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