Deux études se sont penchées sur la persistance du virus Ebola chez des survivants humains et simiens. La première, publiée dans le « JAMA Neurology », ne montre pas d’ARN viral dans le liquide cérébro-spinal extrait de 7 survivants humains. Le second, paru dans « Nature Medicine », rapporte la persistance de virus dans les yeux, le cerveau et les testicules de singes rhésus qui avaient été infectés pour les besoins de tests de médicaments anti-Ebola.
Surveiller les survivants
Dans la première étude, un sous-groupe de 165 survivants humains a été étudié par des neurologues. Parmi eux, 22 avaient rapporté certains symptômes (coma, délire pendant l’infection, nouveaux symptômes neurologiques après la récupération, anomalies neurologiques à l’examen…). Certains d’entre eux ont été choisis selon des critères d’éligibilité (âge, séronégativité au VIH, absence de récente crise d’épilepsie ou de traumatisme crânien, pas d’utilisation d’AINS…) et des échantillons de liquide cérébrospinal (LCS) avaient été collectés par ponction lombaire en décembre 2015. Ces échantillons avaient été analysés, à la recherche d’ARN viral d’Ebola, par PCR-RT (reverse transcription PCR), en moyenne 414 jours après la sortie des personnes (5 hommes et 2 femmes, d’âge moyen 35 ans) de l’unité de soins. Aucun ARN viral n’a été détecté dans ces échantillons.
Les auteurs soulignent cependant que la ponction lombaire a été réalisée longtemps après la fin officielle de la maladie chez ces sujets, et que si le virus est dormant dans le système nerveux central, il pourrait ne pas être relargué dans le LCS. Ils suggèrent donc de surveiller la résurgence de possibles symptômes neurologiques, par crainte d’une potentielle transmission du virus pendant la rechute.
Présence dans les yeux, le cerveau et les testicules de singes rhésus
Les auteurs de la seconde étude ont analysé des tissus de singes rhésus et macaques mangeurs de crabes qui avaient été infectés par le virus Ebola afin de tester vaccins et traitements expérimentaux.
Ils ont d’abord observé des échantillons de différents tissus (yeux, testicules, cerveau mais aussi foie, rate, ganglions lymphatiques) de 112 singes rhésus survivants. Parmi ces animaux, 11 présentaient de l’ARN génomique du virus : 9 dans un œil (pour 78 yeux testés), 1 dans les testicules (pour 76 testées) et 1 dans le cerveau (pour 80 testés). Le virus était en revanche indétectable dans les organes de la phase aiguë de l’infection (rate, foie, ganglions). En revanche, chez 48 macaques mangeurs de crabes, qui avaient reçu un vaccin préalablement à leur infection, aucun ARN n’était détectable.
Dans les yeux et en particulier dans l’humeur vitrée et ses tissus adjacents, le virus a été retrouvé dans les macrophages/monocytes CD68+. Dans le cerveau, la persistance a été observée dans le striatum. Les auteurs ont aussi observé une réponse inflammatoire dans les tissus, peut-être due à la réplication virale, et notent que la dissémination se fait par les structures vasculaires (ce qui est comparable à ce qui a été observé chez les humains).
« Nous avons déterminé que les traitements médicaux employés pourraient ne pas totalement éliminer le virus des individus : un modèle de signe rhésus pourrait ainsi servir de modèle pour étudier les séquelles de la maladie ainsi que pour développer des stratégies pour éliminer totalement le virus de l’organisme », concluent les auteurs. Ils soulignent aussi que les animaux survivants pourraient être toujours à risque de rechute mais que cette possibilité n’a pas pu être vérifiée car les singes ont été sacrifiés 40 jours après leur infection.
Des inquiétudes existent quant au risque de persistance, et donc de résurgence, du virus, même après disparition des symptômes, du fait d'une possible transmission lors de rapports sexuels par des patients supposés guéris et du fait des effets à long terme potentiels (pertes de vision, maux de tête, douleurs articulaires…) chez des survivants.
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