Système de santé et organisation des soins outre-Rhin

Les médecins allemands s’inquiètent de réformes tatillonnes

Publié le 05/06/2014
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Crédit photo : AFP

Le traditionnel congrès des médecins allemands, dont la 117e édition s’est tenue à Düsseldorf, est un excellent baromètre de leur état d’esprit. Après les vifs affrontements, ces dernières années, entre les praticiens et les différents gouvernements qui ont rétabli les finances de la santé outre-Rhin au prix de mesures drastiques, le congrès des médecins a retrouvé en 2014 un ton plus apaisé.

Mais d’autres problèmes surgissent. Nommé ministre de la Santé en décembre, Hermann Gröhe, jusque-là un parfait inconnu, entend créer un vaste « Institut de la qualité » qui, selon le corps médical, risque surtout de produire de la paperasse et de nouvelles réglementations tatillonnes pour la profession. Le président de l’Ordre, le Dr Montgomery, s’insurge déjà contre cette « normalisation » de la santé qui pourrait enfermer les médecins libéraux dans des « carcans administratifs ».

53 ans de moyenne

Autre motif de crispation : un projet de loi qui obligerait les spécialistes à accorder des rendez-vous dans un délai de quatre semaines maximum (l’attente est parfois beaucoup plus longue pour les patients allemands sans assurance complémentaire). Les médecins font valoir que tous les cas urgents sont aujourd’hui traités dans des délais raisonnables et qu’il n’y a aucune raison d’encourager les consultations de confort. Surtout que de très nombreux malades n’honorent pas leurs rendez-vous, ce qui désorganise les cabinets médicaux. « Si la loi sur les quatre semaines passe, nous ferons payer les rendez-vous annulés » ont mis en garde les médecins pour la première fois.

De surcroît, le gouvernement veut instaurer, pour certaines maladies graves, un deuxième avis obligatoire chez un second praticien. « Nous sommes pour le second avis, mais pourquoi obliger les patients qui font confiance à leur médecin de famille à aller en voir un autre ? », objectent les organisations médicales.

Enfin, le vieillissement du corps médical préoccupe de plus en plus la profession, dont la moyenne d’âge dépasse les 53 ans (et même davantage en libéral). Si le nombre global de praticiens reste élevé, ils se concentrent dans les hôpitaux et les grandes villes, alors que les zones rurales se dépeuplent. Pour combattre ces situations de déséquilibre, l’Ordre lance régulièrement des campagnes de recrutement de médecins étrangers et soutient le développement de téléconsultations par Internet, rémunérées comme telles. Insuffisant pour rassurer le corps médical.

De notre correspondant Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Médecin: 9332